Harry Manx : L’homme qui a vu l’homme
Pour présenter son 11e album Om Suite Ohm, le singulier bluesman Harry Manx entame une tournée de 11 dates qui s’annonce triomphale.
Le vendredi 6 juillet 2012, à la Maison symphonique de Montréal, 2000 spectateurs réservaient une incroyable ovation à Harry Manx. Pour un musicien qui jadis squattait les alentours du Quartier des spectacles en chantant gratuitement dans la rue, clore officiellement la 34e édition du Festival international de jazz de Montréal dans la plus prestigieuse salle de la Place des Arts semble concrétiser un léger changement de statut, non?
Pourtant, le chanteur n’a pas changé d’un iota. Ses années en Inde et au Japon ont dû forger chez lui cette humanité, cette véritable paix intérieure, cette sagesse et cet humour qui font sa marque. Pour venir de chez lui, en Colombie-Britannique, jusqu’au cœur du Québec, il a refusé encore une fois l’avion, sans façon, préférant conduire son petit camion-roulotte, seul, tout simplement. Tout un road trip sans radio ni MP3!
«Il faut se connaître soi-même et explorer son espace intérieur, explique simplement le voyageur solitaire. Moi, j’y mets du temps. Sans quoi rien ne me motive pour écrire sur quoi ou qui que ce soit. C’est la source même de mon inspiration.»
La musique autour de lui, par contre, s’est beaucoup enrichie. La nouvelle formation de Mister Manx, qu’il a baptisée, non sans humour, World Affairs, inclut son ami Yeshe, un Zimbabwéen d’origine allemande, une célèbre chanteuse Indienne, Kiran Ahluwalia, un vieux pote harmoniciste d’Ottawa, Steve Mariner, et – une première! – aux claviers, Clayton Doley, nouvelle fierté du très zen maestro.
«Mon fameux joueur de B3! Je l’ai rencontré par accident, en Australie. Mais je le garde avec moi autant que je peux, car il me tisse une toile de fond idéale pour jouer de la guitare slide en accord ouvert.»
Autre nouveauté dans le répertoire de ce citoyen du monde: la musique de John Coltrane et des pièces instrumentales comme The Blues Dharma.
«La musique dit parfois des choses que les mots n’arrivent pas à exprimer», explique Harry, songeur. D’où son désir de produire un album entièrement instrumental. Il l’a donc fait dans un studio américain, au Wisconsin, puis a décidé de mettre des paroles sur une partie des mélodies. «Je ne sais pas si j’ai vécu cette vie dont je parle dans mes chansons, mais j’y aspire vraiment et je veux inspirer les gens, c’est important.»