François Lafontaine / Forêt : Lafontaine le «photographe»
Alors que Karkwa est toujours en relâche, le claviériste de la formation, François Lafontaine multiplie les projets. Le plus récent: la coréalisation du premier album du groupe indie pop Forêt.
Tout comme ses collègues Louis-Jean Cormier et Julien Sagot (qui tentent l’aventure solo) ou encore Martin Lamontagne (logeant présentement à l’Hôtel Morphée), François Lafontaine s’est tenu diablement occupé depuis la pause de son fameux quintette. Composition de musiques de film et de webtélé, accompagnement d’artistes sur scène (dont son amoureuse Marie-Pierre Arthur, bien sûr) ainsi que réalisation de plusieurs disques surprenants. Après avoir épaulé Elisapie et Catherine Durand en studio, le touche-à-tout a déposé sa griffe personnelle sur le premier CD de Forêt, un projet mené par Émilie Laforest et Joseph Marchand, après avoir littéralement forcé le duo à enregistrer ledit album.
Le cas Forêt
Amis et collègues du couple Arthur-Lafontaine, Laforest et Marchand voulaient tout d’abord avoir l’avis du claviériste sur leurs plus récentes compositions. Ils ont finalement eu droit à beaucoup plus. «Dès la première écoute, alors que ce n’était que guitare, voix et un peu de claviers, j’ai complètement accroché. Je leur ai dit qu’il fallait absolument faire quelque chose avec ça, que ça ne pouvait pas en rester là, qu’ils devaient enregistrer tout ça. Deux, trois mois plus tard, on rentrait en studio, même s’il manquait quelques chansons!»
Bien que la fameuse «touche Lafontaine» s’entende à l’écoute du Verbe Amour, premier extrait de l’album dévoilé sur le site web du groupe, l’offrande de Forêt surprend en étant autant aux antipodes du folk éthéré de Catherine Durand et de la pop sensible d’Elisapie. «Ils avaient une bonne idée de ce qu’ils voulaient faire avec le projet – je coréalise l’album avec Joseph, d’ailleurs –, ce qui facilitait la tâche», résume François avant de s’étendre sur l’importance de la direction, justement.
Écoutez trois pièces de l’album de Forêt
Photomaton musical
Loin de bouder les planches, Lafontaine avoue toutefois préférer la création en studio. «J’adore faire des concerts, c’est super cool, mais il y a quelque chose d’encore plus spécial dans la création d’un album», fait-il valoir avant d’abonder sur les qualités photographiques (oui, oui!) du disque. «Les chansons changent au fil des concerts alors que l’album, lui, est comme une photo d’une période de ta vie, l’état dans lequel tu étais, etc. Je trouve ça aussi intéressant que stimulant!»
Mais avant de s’isoler et d’expérimenter à fond – «En studio, il ne doit pas y avoir de limites, particulièrement de nos jours avec la technologie à notre disposition. On peut faire ce qu’on veut. Pour moi, c’est inacceptable de se mettre des barrières en studio. Il faut aller le plus loin possible», s’emportera-t-il d’ailleurs –, Lafontaine impose un travail de réflexion de longue haleine. «Avant de donner une direction artistique aux chansons, il faut leur donner une direction au niveau de la forme; où elles commencent, où elles se terminent et où est le sens entre les deux.»
Du même souffle, le réalisateur prisé se défendra d’appliquer une certaine recette à ses productions, mais révèle tout de même qu’il observe deux préceptes. «Lorsque je travaille avec de nouveaux groupes, je prends les chansons comme elles sont et je tente de les pousser au maximum, tout en considérant la direction souhaitée. Si c’est un artiste plus connu, ce que je prône – et ce que je faisais valoir aussi chez Karkwa –, c’est: “OK, ne refaisons pas le même disque!” Quand j’ai commencé à coréaliser le disque d’Elisapie avec Éloi Painchaud, je lui ai dit: “Ton premier disque est excellent… mais on ne fera vraiment pas la même chose!”» conclut-il en rigolant.