Poncho Sanchez Latin Jazz Band et Christian Scott : Poncho y Chano
Musique

Poncho Sanchez Latin Jazz Band et Christian Scott : Poncho y Chano

Poncho Sanchez débarque à Québec avec un nonette d’enfer et un trompettiste qui a mangé du lion. Ça va chauffer!

À 61 ans, Poncho Sanchez, le solide congero américain d’origine mexicaine, est dans une forme remarquable. Fraîchement couronné d’un Latin Grammy, le mois dernier, en hommage à l’ensemble de sa longue et fructueuse carrière, il est en plein dans cette tournée Chano y Dizzy qui le fait zigzaguer en avion entre le Canada et une demi-douzaine d’États américains.

«J’ai joué avec Dizzy Gillespie. Et on l’interrogeait souvent sur sa rencontre avec Chano Pozo. En fait, il ne savait pas trop à quoi s’attendre lorsqu’il avait demandé à Machito de lui trouver un percussionniste. Mais ça a vraiment cliqué. Chano était hot. Un solide gaillard, showman et sûr de lui. Certains prétendent qu’à deux, ils n’ont pas inventé le jazz latin. Mais si quelqu’un d’autre l’avait tenté avant eux, c’est vraiment à ce moment-là que le déclic s’est produit et que le monde entier en a entendu parler.»

Quand on regarde l’impact incendiaire de cette rencontre et quand on calcule que Chano Pozo a été assassiné un an plus tard à coups de revolver, dans un bar de Harlem, pour une stupide chicane à propos de dix dollars de manteca, on peut se demander ce qui serait advenu si le Cubain avait passé dix ans de plus à collaborer avec le grand Diz.

Soixante-cinq ans après cette rencontre historique, Poncho dans le rôle de Chano et Terence Blanchard décidaient de faire un album qui remémore cette brève et fulgurante collaboration. Pour cette partie de la tournée, c’est le jeune loup auréolé d’éloges Christian Scott qui remplace son cocitadin de La Nouvelle Orléans.

«Crois-le ou non, Christian était vraiment intimidé au début. Mon groupe carbure à fond. Il m’a dit: "Les gars, vous m’avez lessivé et vous m’avez botté le cul!" Mais crois-moi, ce kid a du cœur et du soul. Il joue vraiment! Vous allez voir comment il maîtrise totalement son jeu.»

Parlant de maîtrise, je demande à Poncho si ce n’est pas difficile de bien chanter quand on tape sur quatre ou cinq tambours en même temps. Il me rappelle à l’ordre poliment.

«J’ai été le chanteur de toutes les formations dans lesquelles j’ai bossé depuis l’âge de 13 ans. Avant, je jouais de la guitare, mais le groupe pour lequel j’auditionnais avait plutôt besoin de quelqu’un qui assure à l’avant-scène. Alors j’ai improvisé une imitation de James Brown avec les steppettes et ils m’ont engagé sur-le-champ!»