Depeche Mode : Le blues des métropoles
Musique

Depeche Mode : Le blues des métropoles

Quatre ans après Sounds of the Universe, la formation électro culte Depeche Mode sort de sa zone de confort avec Delta Machine, son tout nouveau disque.

Difficile à croire que 36 ans après avoir jeté les bases du projet qui allait devenir Depeche Mode, Andy Fletcher s’avouerait excité, voire nerveux, à l’idée de dévoiler un 13e album. Pourtant, «Fletch» – joint au téléphone alors que le groupe répétait à New York en prévision de sa tournée imminente – se dit toujours aussi remué sous les feux. «Si vous n’êtes pas nerveux avant de monter sur scène, autant ne pas y aller», lance-t-il. «Il faut avoir l’adrénaline et être excité, bien sûr, mais il faut aussi être habité par cette peur que tout peut tourner au désastre», poursuit-il, soulignant que, malgré les décennies, le trio ne tient rien pour acquis. «Tout ce marasme doit faire partie du cérémonial avant de monter sur les planches. Il ne faut y aller que lorsqu’on a envie de dépasser nos attentes.»

Non seulement le moment est-il venu pour DM de refaire surface, mais la troupe semble particulièrement confiante, à entendre parler le multi-instrumentiste de Delta Machine, disque qui sera dans les bacs dès le mardi 26 mars.

Des bayous à Broadway

L’œuvre fut captée au studio Sound Design de Santa Barbara ainsi qu’à Jungle City, un complexe d’enregistrement situé aux derniers étages d’un immeuble surplombant la Grosse Pomme. C’est dans cette selve de béton – fréquentée autant par Kanye que par Bono et où la technologie actuelle se branche dans une console semblable à celle qu’utilisaient les Beatles à Abbey Road – que le trio, un producteur fidèle ainsi qu’un tout nouveau collaborateur ont terminé Delta Machine, un jalon à la croisée des chemins pour la formation.

En janvier, Pitchfork rapportait que selon Martin Gore, principal compositeur du groupe – qui renouait l’an passé avec l’ex-Depeche Mode Vince Clarke sous l’égide de VCMG –, l’offrande en question évoque les classiques Violator et Songs of Faith and Devotion. La semaine dernière, le chanteur Dave Gahan, en entrevue avec Billboard, comparait la galette à l’ultime chapitre d’une trilogie entamée en compagnie de son réalisateur du moment ainsi qu’à une petite révolution pour DM. En ce qui concerne Fletcher, l’œuvre est à l’image de son titre. «Delta» pour le lieu de naissance du blues. «Machine» pour l’aspect électro prédominant.

«Je n’irai pas jusqu’à dire que c’est “notre album blues”, mais, oui, on a tenté de créer une musique “différente”», fait-il valoir lorsqu’on mentionne les arrangements de guitares dans des pièces comme Slow et Goodbye ainsi que l’intonation de Gahan, chaude et déchirée, dans des extraits comme Soothe My Soul. «L’aspect blues semble ressortir du lot, mais c’est aussi un album qui demeure à l’image de nos autres intérêts musicaux, comme la pop ou encore l’électro. Personnellement, je l’envisage davantage comme un album électro… qui flirte avec le blues, et non pas le contraire!»

En plus de refaire équipe avec le producteur Ben Hillier (à qui l’on doit aussi Sounds of the Universe et Playing the Angel, ainsi que des CD d’artistes comme Blur, notamment), Depeche Mode a recruté Christoffer Berg (proche collaborateur des projets électros suédois The Knife et Fever Ray). «On aime travailler avec de jeunes musiciens», s’exclame Fletch en abordant le fossé des générations entre le groupe, Hillier et Berg. «Nous provenons de générations différentes et nous abordons la musique, l’écriture et le studio de façons différentes. C’est aussi enrichissant pour eux que pour nous, je crois», fait-il valoir avant de mentionner que la collégialité était telle que l’enregistrement s’est terminé avant la date butoir – «Ce qui est sûrement une première en ce qui nous concerne!» glissera-t-il au passage. Puis, il s’épanchera davantage: «Je crois que ça témoigne de tout le plaisir qu’on a eu à faire ce disque et jusqu’à quel point nous en sommes satisfaits.»

D’étudiants à icônes

Au fil des années – et des parutions –, Depeche Mode est passé de projet marginal à véritable sensation, avant d’être considéré, bien malgré le trio, comme une icône. Des artistes de tous les âges (Win Butler d’Arcade Fire confiait à la BBC que The Suburbs avait notamment été influencé par des albums de Gahan et sa bande, tandis que le regretté Johnny Cash, lui, a repris le brûlot Personal Jesus) et de tous les genres (autant des musiciens pop comme The Killers que des rockeurs de la trempe des Deftones) se sont avoués fans par le passé. «C’est drôle parce que de notre côté, on ne se considère pas comme si “spéciaux”. Ça demeure, pour nous, un groupe qu’on a démarré tout de suite après l’école!» tranche Andy qui, plus tard au cours de l’entretien, se dira particulièrement touché par le clin d’œil solennel du fameux Homme en noir. «On a réalisé très tard dans notre carrière que notre œuvre pouvait avoir un impact sur la musique des autres, tous genres confondus. Ça nous dépasse toujours, en fait.»

En dépit des accolades de ses pairs – et, bien sûr, des attentes de ses admirateurs et des médias –, Depeche Mode garde la tête froide et évite de faire des vagues. «Il ne faut pas que cette renommée nous affecte, surtout lorsqu’on enregistre, afin que le processus demeure naturel pour nous, sans toutefois devenir routinier, bien sûr. Ça risquerait de nous influencer, on pourrait en venir à se prendre vraiment trop au sérieux!»

Bien qu’il se soit montré particulièrement humble au cours de l’entretien, Fletch craquera en abordant la tournée à venir. «Je crois que la transition de cet album vers la scène se passe beaucoup mieux que lorsqu’on préparait la tournée de Sounds of the Universe, notamment, car les chansons sont minimalistes, tout en ayant beaucoup de punch! On a donc très hâte de voir comment le public va y réagir en concert et comment elles vont s’insérer dans le répertoire.» À voir la réaction sur les médias sociaux à l’annonce d’un passage en sol nord-américain, la fébrilité est réciproque.

Delta Machine (Sony/Columbia)

Dans les bacs dès le mardi 26 mars

 

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