Alt-J : Mercure à la hausse
Musique

Alt-J : Mercure à la hausse

L’attention monte envers Alt-J, bientôt de retour à Montréal.

Bien que le projet existe depuis six ans, Alt-J n’a émis un premier bip sur le radar du grand public que l’année dernière. Et quel bip: le quatuor électro indie a remporté le prestigieux prix Mercury – l’inspiration britannique du Polaris canadien – pour son album An Awesome Wave. Depuis, le collectif voit grand. Il doit voir grand, en fait. «C’est clair que ça nous a permis d’avancer, résume le batteur Thom Green. Ça a fait en sorte que davantage de personnes se renseignent sur nous ou, du moins, tendent l’oreille si elles ne le faisaient pas avant. Ce qui nous a menés à plus de concerts, de plus grandes salles ainsi qu’à beaucoup de réflexion!» Alors que la demande, l’ampleur et les attentes sont à la hausse, la troupe de Leeds a dû revoir sa mise en scène. «Vous savez, on doit considérer jusqu’à l’éclairage, voire la présentation de notre setup, histoire que le tout – nous y compris – ait l’air un peu plus professionnel!» soupire-t-il ensuite avant d’ajouter qu’«en ce qui concerne le concert en tant que tel, ça va. On aime toujours interpréter ces chansons. C’est loin d’être devenu une routine. Chaque concert est une expérience unique». Même les réponses aux questions sont maintenant très «pro».

Faire son cinéma

Bien que le collectif soit loin d’envisager un second album – Alt-J est actuellement en Amérique du Nord pour sa tournée la plus ambitieuse à ce jour sur ce territoire, et se lancera par la suite dans un blitz de prestations dans de nombreux festivals d’été (Osheaga y compris) –, il a trouvé le temps de signer la trame sonore du film Leave to Remain du réalisateur et acteur Toby Jones. Vu l’abondance de références cinématographiques dans la musique du groupe – Matilda évoque le personnage du Professionnel de Besson, notamment –, ce défi s’avérait particulièrement alléchant pour les musiciens. «Et Toby nous a approchés car il écoutait notre album en rédigeant le scénario!» de spécifier Green. Malgré le côté très cérébral de la musique d’Alt-J, le batteur surprend en révélant que ses compères se sont acquittés de la tâche… en faillant à leurs devoirs. «On n’a pas trop étudié le film avant de se lancer!» révèle-t-il avant de s’expliquer: «On ne voulait pas être trop pointilleux sur chaque scène pour laquelle on nous demandait de la musique. “Oh, vous vouliez une pièce triste ici? Est-ce vraiment approprié lorsqu’on y pense bien?” Ce genre de choses…»

Répondre aux attentes… ou pas 

En plus du prix Mercury, Alt-J cumule de nombreuses mentions dans les décomptes des meilleurs albums de l’année 2012, arrivant même en tête de liste dans celui de la BBC 6. Est-ce que le collectif est sensible à la pression? Oui et non. «On est conscient de l’attente, mais on ne veut pas nécessairement y répondre et surfer sur cette vague…», réplique Thom, après moult hésitations, lorsqu’interrogé sur l’intérêt grandissant pour la formation. Puis, le batteur se ravisera. «En fait, non, ce n’est pas de la pression, on ressent plus qu’on nous attend, qu’on a quelque chose à faire après cette série de concerts. On avance moins à tâtons qu’auparavant. Bien sûr, il y a de la pression, mais on se dit qu’on peut faire aussi bien que sur le précédent, voire mieux, car on ne fera pas le même album deux fois. On va donc prendre notre temps et s’amuser, et on espère que les gens y trouveront autant de plaisir.»