Fabien Gabel et l'OSQ : Ami de la fantaisie
Musique

Fabien Gabel et l’OSQ : Ami de la fantaisie

Le maestro Fabien Gabel vient tout juste de mettre la touche finale à sa première programmation à titre de directeur musical de l’Orchestre symphonique de Québec. Survol de ce roboratif menu en compagnie d’un ami de la fantaisie.

Fabien Gabel rentre tout juste d’Ottawa, où il dirigeait la veille l’Orchestre du Centre national des Arts, lorsqu’on le joint dans sa chambre d’hôtel, samedi en fin d’après-midi. Dans quelques jours (c’est-à-dire avant-hier, si vous lisez ce texte au moment de sa parution), le jeune maestro de 37 ans sortira du four, devant médias et mélomanes, sa première programmation à titre de chef de l’Orchestre symphonique de Québec. Mais pour l’instant, le Parisien relax se prépare tranquillement à mettre le nez dehors; il s’attablera plus tard en soirée avec des amis dans un des restaurants du Québec gastronomique au sujet duquel il ne tarit pas d’éloges (le journaliste derrière ces lignes est mortifié d’avoir oublié de demander à monsieur Gabel s’il comptait aller jeter un coup d’œil aux forcenés patineurs du Red Bull Crashed Ice, nos excuses).

Au fait, permettez-nous cette petite indiscrétion, Fabien: ne serait-il pas plus que temps de signer un bail en ville? N’êtes-vous pas contractuellement lié à l’OSQ jusqu’en 2016, minimum? «Il faut prendre du temps pour trouver un endroit dans lequel on se sent bien, fait valoir le successeur de Yoav Talmi. Mais je vous rassure, je visite un appartement lundi.»

Trêve de considérations triviales: c’est à une costaude tâche que s’attellera le chef lors de cette saison 2013-2014 – la première portant sa patte – qui le verra diriger pas moins d’une quarantaine d’œuvres. Parmi celles-ci, bon nombre de pièces pêchées dans le répertoire français, son «répertoire de prédilection», dont l’influence transcenda largement les frontières de l’Hexagone, nous rappellera un enthousiasmant programme aux couleurs du pays de Cervantès, pour lequel Gabel a jumelé Ravel à l’important compositeur espagnol Manuel de Falla (12 mars 2014). «De Falla affirmait que la musique espagnole ne serait pas la même sans les musiciens français qu’étaient Debussy, Ravel, Chabrier, qui se sont beaucoup inspirés du chatoiement de la musique populaire espagnole.»

Inscrivez également à votre agenda (en vrac) le concert d’ouverture, une rencontre au sommet avec le monstre sacré du piano français Emanuel Ax (12 septembre 2013), un rendez-vous pop avec l’incandescente auteure-compositrice-interprète Catherine Major (19 et 20 décembre 2013), la première collaboration de l’histoire de l’OSQ avec le Théâtre de la Bordée pour une présentation du Songe d’une nuit d’été de Shakespeare ponctuée de la musique de scène de Mendelssohn (9 avril 2014) et quelques intrigantes soirées mettant en valeur le répertoire contemporain international (le compositeur allemand Matthias Pintscher, «parmi les plus grands au monde à l’heure actuelle», dirigera une de ses propres œuvres le 26 mars 2014) et québécois (une pièce de Yannick Plamondon fera vibrer le Palais Montcalm le 23 octobre 2013). Gabel: «Je trouve important de jouer les compositeurs québécois actuels. Ça fait partie d’une de mes missions, promouvoir la musique québécoise.»

Enfant de la balle

«J’ai toujours voulu faire de la direction. Tout petit, j’accompagnais mon père qui était musicien à l’Opéra de Paris. Je m’assoyais à ses côtés pendant les répétitions et je regardais le chef. J’étais fasciné», se souvient l’enfant de la balle qui, à l’instar de son paternel, allait devenir trompettiste d’orchestre, avant de battre la mesure devant son premier ensemble au tendre âge de 27 ans.

Les rênes de l’OSQ dans une main et sa baguette dans l’autre, Fabien Gabel livre aujourd’hui un vif plaidoyer en faveur d’une musique orchestrale constellée de touches de fantaisie. «Les musiciens ont à la fois le professionnalisme typique de l’Amérique du Nord et cette petite flamme européenne, note-t-il en décrivant la marque de fabrique de son nouveau vaisseau amiral. Il y a toujours une pointe de fantaisie qui ne me déplaît pas. En répétition, un musicien va jouer telle phrase de telle manière, puis le jour du concert, il va la jouer différemment, parce qu’il est plus inspiré. Quand on a doublé des concerts, chaque fois, le deuxième était différent du premier. Il ne faut surtout pas que la musique reste figée.» 

Programmation complète de l’OSQ sur osq.org