Karim Ouellet : Fantastique maître Ouellet
Avec son deuxième album Fox, l’auteur-compositeur-interprète Karim Ouellet se laisse aller aux plaisirs de la pop.
«Plaisir» et tous ses synonymes. C’est ce qui ressortait lors de l’entretien avec Karim Ouellet, à quelques jours du dévoilement de Fox, la suite tant attendue de son premier disque Plume. Nerveux, le renard? Loin de là.
«Pour être totalement franc, je me sens juste bien, tout simplement!» lance-t-il, zen, installé sur la terrasse d’un café du centre-ville de Montréal, détonnant parmi le cortège d’automobilistes et de passants pressant le pas.
La fable de Karim
Album lancé en février 2011, Plume aura surpris autant la critique que le public, en plus de permettre au chanteur de Québec de, oui, prendre son envol. «Cet album m’a permis d’avancer et de me faire énormément plaisir, résume-t-il. Je me sens très chanceux d’avoir sorti un album et de ne pas m’être contenté de présenter quelques spectacles pour ensuite passer à autre chose. Ça a été une expérience aussi cool qu’exceptionnelle.» Bref, ce qui ne se voulait qu’une carte de visite s’est transformé, bien malgré lui, en véritable carte d’embarquement. «Ça m’a permis de sortir de Québec, où on l’a créé, et de le présenter ailleurs: en France, au Texas et même à New York, dernièrement.»
Alors que Plume était présenté comme un «conte», Fox ne se veut pas le second chapitre d’une fable de La Fontaine, fromage en moins, mais bien une suite logique de la première fournée de pièces endisquées par Ouellet. «Le titre Plume se voulait un clin d’oeil à Flume, une chanson de Bon Iver.» L’image du renard, elle, remonte à un atelier d’écriture auquel l’artiste a assisté l’année dernière au Festival de la chanson de Tadoussac. «Je me suis mis à dessiner des renards tout en prenant des notes, lance-t-il, je ne saurais expliquer ce que le renard représente pour moi, mais j’ai toujours trouvé l’animal beau et très évocateur. C’est donc ouvert à l’interprétation de qui que ce soit!» ajoute l’auteur-compositeur-interprète avant de préciser pourquoi il n’est plus question de chantefables sur son nouvel opus.
«Non, je ne signe pas de «conte» cette fois-ci», tranche Karim. «Sans être terre-à-terre, Fox est beaucoup moins surnaturel", glisse-t-il, faisant valoir que les histoires de «créatures impossibles», de «menaces venues de l’espace» et de Satan courant vers sa maman conféraient à Plume sa facture épique. «De plus, je ne voulais pas me répéter. C’est une suite logique dans le sens où les textes sont aussi personnels que ceux de Plume, mais je voulais passer à autre chose. C’est pour ça que je ne répète pas l’expérience!» La direction musicale, plus homogène, en témoigne d’ailleurs.
Fox et sa pop futée
Selon le principal intéressé, ce sont les musiques qui séparent Plume de Fox. «C’est moins… lancé dans tous les sens», affirme-t-il, avant de s’expliquer. «À l’époque du premier disque, j’arrivais en studio en annonçant: «O.K.! J’ai une nouvelle chanson! Enregistrons-la!»" Pour le nouvel album, Karim et son acolyte Claude Bégin (Alaclair Ensemble, Movèzerbe, etc.) ont poussé la recherche d’un cran. «On posait des chansons, puis on y revenait et on réécrivait au besoin… parfois à 100%! Tout ça dans le but de livrer la meilleure version de la chanson possible», fait-il valoir. Ainsi, la facture sonore plus saccharinée serait venue, instinctivement, au gré des séances.
«Au moment où l’album est devenu plus pop que ce qu’on faisait d’habitude, Claude est arrivé avec une direction précise pour le disque», poursuit Ouellet. « Je pouvais présenter une toune et il me disait: "Ça pourrait être plus catchy à ces endroits-là, Karim." Il m’aiguillait, puis il me faisait retravailler en conséquence.» Malgré la mécanique en apparence tatillonne, le chanteur ressort satisfait de ce laboratoire. «C’était quand même un processus où on a eu du plaisir. On s’est amusé à rechercher des mélodies vraiment le fun!»
Quitter le terrier
Sans avoir de plan précis, Karim croit que ce deuxième jalon pourrait lui permettre de séduire corbeaux, fans québécois et public français. «Pour être très franc, je ne sais pas… jusqu’à quel point, en fait», lance-t-il. «C’est sûr que la France me reste en tête – on a déjà des propositions, d’ailleurs -, mais je ne la considérais pas au moment de la création du disque», nuance-t-il par la suite, confiant que des labels de l’Hexagone lui ont déjà dit par le passé que ce qu’il faisait n’était «pas typiquement français». «Je suis toutefois sûr qu’on pourra l’amener en France, partir sur de nouvelles bases là-bas et arriver, tout comme ici, à monter des tournées.»
Lorsqu’on lui demande si Fox pourrait bien être l’album qui lui permettra de percer ici et ailleurs, Karim hésite, sourit, puis se mouille. «Est-ce que ça permettra à ma carrière d’aller plus loin? J’ai l’impression que oui, mais je ne veux pas dire: "Ça, c’est pour la France!" Alors, pour être franc, je dirais que je ne sais pas… mais je suis bien ouvert. Prendre l’avion, j’aime ça!»