Coral Egan : L'aventure intérieure
Musique

Coral Egan : L’aventure intérieure

Des mois après la parution du très personnel album The Year He Drove Me Crazy, Coral Egan remonte finalement sur les planches.

«Je me sens un peu comme Rocky!», s’exclame-t-elle d’emblée entre deux fous rires en abordant son retour sur scène. En dépit du laps de temps entre le lancement de son album – septembre 2012, quand même! – et ses sorties récentes sous les feux, Coral Egan a galéré, planifiant la série de spectacles à venir tout en jetant les bases d’un prochain CD inspiré par le travail entamé sur The Year He Drove Me Crazy, justement.

Prêter attention aux paroles chantées par Egan sur l’œuvre en question est comparable à se coller l’oreille contre le mur pour espionner les voisins tant elles sont intimistes. Non seulement l’artiste y cite-t-elle les noms de son amoureux, de sa fille et de son chien (!), mais elle dévoile également son jardin secret dans le livret accompagnant le disque en y affichant des photos presque indécentes tant elles sont personnelles. On y retrouve Egan sans fard ni éclairage étudié; le seul artifice étant l’amour émanant de ces archives familiales. «Avant, j’écrivais des chansons plus universelles à propos de la philosophie, de la consommation et de l’existence. Des thématiques qui demeuraient toujours à l’extérieur de ma vie personnelle.» Au fil du temps, ces sujets sont devenus redondants pour l’auteure. «Dans la vraie vie, je n’étais pas une philosophe, mais bien une mère et une amoureuse, et je voulais aborder ce qui était présent et près de moi.» 

Musicalement, Coral Egan s’est aussi mise en danger. Sans changer complètement de registre, elle se fait plus «indie pop» que «jazz» sur The Year He Drove Me Crazy et a collaboré avec des partenaires de choix, dont Mishka Stein et Robbie Kuster (aperçus en compagnie de Patrick Watson) ainsi que Warren Spicer (de Plants and Animals). «Je n’aurais pas pu demander de meilleurs musiciens!», s’exclame-t-elle en revenant sur un enregistrement qui a également compté sur un «ingrédient magique», pour reprendre l’expression de Coral, quand même particulier: «On manquait de temps! On a créé les mélodies au pif à partir de maquettes que j’ai enregistrées chez moi sur GarageBand!» Mine de rien, la compositrice révèle tout de même sa stratégie. «Ce sont souvent ces premiers instants dans l’enregistrement qui sont les plus miraculeux, car ils sont aussi puissants que créatifs», soutient-elle.

Se dévoiler… habillée

Après avoir ratissé large, Coral Egan prévoit donc écrire une nouvelle fournée de pièces à la première personne. À en croire les récentes interactions de la chanteuse sur les médias sociaux – où elle collige liens et commentaires sur la situation actuelle de la femme –, elle pourrait livrer davantage de chansons d’opinion, voire carrément engagées. «L’image domine toujours. On utilise invariablement le sexe féminin pour vendre, fait-elle valoir dans une envolée passionnée. C’est sûr que la beauté fait partie de la carrière, mais je tente quand même de tracer une ligne entre celle-ci et la sexualité, par exemple. Combattre le sexisme, ce n’est pas uniquement convaincre les hommes de nous respecter, mais bien nous respecter nous-mêmes et nous imposer! Justement, c’est ce que j’ai envie de partager désormais.»