Mike Goudreau : Jouer son va-tout
Mike Goudreau déclare la fête ouverte avec Time for Messin’ Around, un 15e album dédié aux amateurs de guitare sur lequel le marathonien du blues en Estrie joue son va-tout.
Réglons d’abord une question importante: la compagnie d’une jolie demoiselle, une «lucky lady», pour reprendre l’expression de Mike Goudreau, constitue-t-elle vraiment un gage de réussite pour qui tente de décrocher le gros lot dans un casino, comme le vétéran bluesman estrien le laisse entendre dans Toss Down the Dice, fringante friandise funk figurant sur son 15e album, Time for Messin’ Around? «Je ne peux pas te dire, je ne suis pas gambler pour deux cennes, rigole-t-il. J’ai tellement une addictive personality que si je me mettais à « gambler », je perdrais tout, c’est sûr.»
Le prolifique auteur-compositeur qui met du beurre sur son pain et de la bière dans son verre en louant ses compos à des émissions américaines diffusées sur ABC, HBO, NBC ou CBS poursuit plus sérieusement: «C’est une nouvelle technique que j’ai adoptée il y a deux, trois ans. Pour me donner du jus, je pense à un titre et je déroule tout à partir de là. « Essaie d’écrire une chanson sur boire trop, sur jouer au casino », que je me dis. Ça faisait longtemps que je voulais faire une chanson de gambling, avec l’image rolling the dice, parce que récemment, à Hollywood, il y a beaucoup de demandes pour des scènes de casino et je n’avais rien dans mon catalogue à proposer.»
Appuyé par la redoutable et polyvalente section rythmique que forment Jonathan-Guillaume Boudreau (basse) et Jean-François Bégin (batterie), le leader du Mike Goudreau Band s’est posé le défi de réfréner ses instincts perfectionnistes sur ce disque qui s’enfonce à quelques reprises dans le mythique désert torride du Southern rock, un coup de chapeau au ZZ Top première manière que le musicien porte dans son cœur. Et une occasion en or de jouer son va-tout, au plan vocal du moins. «Je me suis poussé un peu plus. Tous les solos ont été enregistrés d’un seul coup, ce qui fait qu’on m’entend parfois accrocher une note. J’essaie d’être plus lousse. Je me suis aussi poussé vocalement, comme dans Should Quit Your Drinking. J’aurais été confortable de la chanter en do et je l’ai chantée en ré, parce que je voulais aller au bout de mon registre. J’ai essayé de refouler le crooner, même s’il finit toujours par reprendre le dessus.»
Fidèle à son habitude, Goudreau l’anglo cosigne avec Michel Aubin une chanson dans la langue de Paul Personne, le blues langoureux J’essaierai de tenir debout. Un exercice fastidieux compte tenu des standards auxquels il s’astreint, dont celui de ne pas céder aux consonnes escamotées du joual d’Offenbach faisant office depuis 30 ans de norme chez les bluesmans québécois ambitionnant de dompter le français. «C’est bien de chanter en joual, mais les gens à l’extérieur du Québec ne comprennent pas ce qu’on dit. Alors j’adopte un français normatif et je veux que ça sonne bien, je veux que ça sonne intelligent. Il y a des règles à respecter en français. Je ne veux pas mettre les accents toniques n’importe où comme certains chanteurs populaires qu’on entend à la radio. On ne comprend pas un mot de ce qu’ils chantent!» Aucune idée de qui tu parles, Mike.
Mike Goudreau Band
Time for Messin’ Around
(Indépendant)
Spectacle-lancement
Le 25 avril à 20h30
Au Loubards