Colin Stetson : Marche militaire
Musique

Colin Stetson : Marche militaire

Le saxophoniste Colin Stetson a créé To See More Light, le troisième volet de sa trilogie New History Warfare, comme il monte sur les planches: avec intensité et précision.

Alors que plusieurs de ses congénères trouveraient du temps pour se détendre à l’orée d’une nouvelle tournée, Colin Stetson, lui, redouble d’efforts. «Je répète davantage. Je fais aussi davantage d’exercices de respiration en plus de faire de la course et de la randonnée», lance-t-il. «Je suis habitué. C’est comme ça depuis au moins sept ans!»

Quiconque aura assisté à un happening signé Stetson ne sera pas surpris d’apprendre que le musicien consacre autant d’heures à son rythme cardiaque qu’à son instrument, tant ses prestations suscitent virtuosité métronomique et ardeur quasi olympienne. «La tournée est particulièrement ardue pour moi, car chaque concert me vide physiquement en plus de triturer mes émotions», explique-t-il, laissant aussi entendre que son approche très «militaire» de son art lui permet non seulement de livrer des concerts enlevants — autant pour la foule que pour lui-même —, mais également d’élever son jeu. «Sans rentrer dans les détails, il y a des prouesses sur To See More Light que j’aurais été incapable de réussir sur Judges», tranche-t-il, pointant du même coup le second volet de sa trilogie. «Et, si ça se trouve, ce qui est exigeant sur celui-ci deviendra routinier lors du prochain et j’aurai du fil à retordre avec de nouvelles particularités!»

Bien que pour le principal intéressé, cette énième série de spectacles ne soit pas nécessairement liée à la parution de New History Warfare Vol. 3: To See More Light — «J’ai joué pas mal de ses pièces lors de mes shows cet hiver», notera-t-il —, cette nouvelle tournée permettra néanmoins à ses fans d’assister à la fin d’une trilogie d’œuvres où le cinquième et le septième art se rencontrent.

Dialoguer sans se tenir par la main

«Je n’avais pas d’idée précise en ce qui concerne le contenu, mais j’avais tout de même échafaudé un squelette», indique Stetson en revenant sur une entrevue avec le site Stereogum dans laquelle il confiait avoir envisagé sa trilogie comme une œuvre musicale, bien sûr, mais aussi cinématographique en raison de l’imagerie qu’elle susciterait. C’est d’ailleurs à l’aide d’images que le saxophoniste a guidé ses collaborateurs, dont Justin Vernon de Bon Iver (projet auquel en outre participe Colin) qui appose sa voix distincte sur quatre des pièces. «Je lui ai fourni les musiques ainsi que mes sources d’inspirations: des images, des thèmes, etc. Je ne lui ai pas donné carte blanche, mais je ne l’ai pas tenu par la main non plus. C’est le fruit d’un dialogue.»

Plus mercenaire que soldat

Au fil des années et des prestations, Colin Stetson a séduit un public fidèle et bigarré où fanas d’indie rock trinquent avec inconditionnels de jazz du champ gauche. De l’autre côté des feux, le musicien fait fi des étiquettes. «Je ne me suis jamais considéré comme un jazzman pur et dur», glisse-t-il avant de conclure qu’«en fait, je ne crois pas appartenir à une « équipe » précise!»

New History Warfare Vol. 3: To See More Light

(Constellation)