Dianne Reeves : Base jazz, âme soul
Musique

Dianne Reeves : Base jazz, âme soul

De la belle visite au Palais avec Dianne Reeves, une grande dame afro-américaine de la chanson.

C’est sa première grande tournée nord-américaine en solo depuis un bail et l’itinéraire indique seulement deux dates au Canada. À Québec d’abord puis à Toronto le lendemain. On ne croyait plus pouvoir joindre Dianne Reeves au téléphone, mais elle est là, disponible, sincère, et prompte à la confidence. Comme sur le décès de sa mère et son retour – enfin! – à l’écriture de chansons nouvelles.

«Je ne sais pas ce qui s’est passé, dit-elle, à la fois pensive et assumée. J’imagine que c’est juste la vie… Et puis, soudain, je me suis sentie à nouveau très inspirée. Je vais du soul au jazz, mais les deux ont la même racine, vous savez. Comme deux fruits qui tombent du même arbre.»

Carrure, prestance, élégance: voilà les mots que l’on peut employer sans gêne pour décrire cette diva du jazz qu’est devenue Dianne Reeves. Native de Detroit mais basée à Denver, lancée par le grand trompettiste Clark Terry mais appuyée par le claviériste George Duke, son cousin plus funky, elle proclame haut et fort «jazz is my foundation» pour décrire sa formation de base, mais ne démord jamais de l’affirmation que What’s Going On de Marvin Gaye reste son album favori de tous les temps.

«Je suis en train de terminer un nouvel album dont je n’ai pas encore choisi le titre, mais qui paraîtra en septembre prochain. Comme nous sommes en plein processus créatif, le public aura droit à une bonne portion de matériel original inédit, même si nous faisons aussi des classiques dans lesquels tout le monde se retrouve de manière plus familière.»

«Nous», c’est un quartette trié sur le volet avec l’élégant guitariste Roméo Lubambo, Terreon Gully à la batterie et deux vieux complices: Reginald Veal à la contrebasse et Peter Martin, son chef d’orchestre et pianiste. Apte à défendre les deux répertoires de cette chanteuse généreuse et véritablement impressionnante dans son registre de contralto.

Défendre son âme

Dianne Reeves défend l’âme afro-américaine et son identité. Dans sa dernière tournée avec ses sœurs Angélique Kidjo et Lizz Wright en hommage à Abbey Lincoln et Miriam Makeba (en 2009) et dans le projet Mosaic de Terri Lyne Carrington, où elle chante cette terrible chanson Echoes, de Bernice Johnson Reagon, sur la discrimination raciale.

«Tout ce qui est arrivé dans le passé est encore dans notre présent, dans notre histoire. Beaucoup de choses ont changé, mais il reste tant à faire. On travaille là-dessus. Une chose à la fois…»