Rouge Pompier : Pin-pon
Musique

Rouge Pompier : Pin-pon

Entendez-vous les sirènes? Pin-pon, pin-pon, pin-pon! Rouge Pompier arrive à Sherbrooke.

Une guitare bien grasse qui se prend parfois pour une basse, une batterie frappée comme pour en déboulonner les tambours, des textes faisant l’éloge d’Anne Dorval ou de Vincent Peake (leader de Groovy Aardvark et légende vivante de l’underground montréalais). Bienvenue à bord du tonitruant camion de Rouge Pompier, duo rock cousin de Japandroids, qui choisissait sagement de placer son premier album, paru à la fin de l’été dernier, sous l’égide du saint patron des acteurs mésestimés, Kevin Bacon.

«L’album s’appelle Kevin Bacon pour la simple et bonne raison que ça punche», répond le très pragmatique guitariste-chanteur Jessy Fuchs, alias JessPompier, qui trimballait jadis un sac à dos au sein d’eXterio (et jouait accessoirement de la basse). «C’est ben meilleur que si on avait trouvé un titre ignorable ou sécuritaire. À chaque show, on sollicite les idées des spectateurs pour le titre de notre deuxième album, et ça vire toujours en party de suggestions de noms d’acteurs. C’est toujours succulent, ce qu’on entend. Ça va de Meg Ryan à Francis Reddy.» Suggestion du journaliste: Étienne de Passillé.

Avec ses textes creusant des questions de société que d’autres paroliers auraient snobées – Fuchs s’épanche au sujet de son manque cruel d’habileté manuelle dans Paquet d’choses, hymne de facto de toute une génération de jeunes hommes empotés –, le rouge pompier pourrait passer pour un pur plaisantin, description qu’il rejette gentiment. «Il y a bien des gens récemment qui finissent par comprendre qu’on ne verse pas dans l’absurde que pour être absurde. C’est que parler de sujets au premier degré, c’est plate à mourir. On s’est donné pour mission d’aborder des thèmes que personne n’a abordés ou de les aborder de manière différente. Prends la chanson Paul (récit de la vie tragique d’un joueur compulsif): il y a plein de gens qui ont parlé du suicide, mais pas comme ça.»

Jeune vétéran des musiques associées à la fouge de la jeunesse, JessPompier se réjouit d’atteindre le simple et noble objectif que son partenaire AlexPompier et lui se sont fixé et que peu de groupes francos endossent ces temps-ci: brasser la cage. En résumé, l’album acoustique n’est pas pour bientôt. «Il y a plein d’exemples de musiciens, comme Vincent Peake, qui ont fait de la musique sale toute leur vie. Je pense qu’il y a un type de gars qui, adolescent, va faire un certain genre de musique pour se débarrasser d’une certaine d’énergie, mais qui va finir par arrêter parce qu’il n’a pas nécessairement ça dans le sang. Moi, je le savais à 12 ans que j’allais toujours jouer fort.»