Cowboy Junkies : L'assurance du (vieux) routier
Musique

Cowboy Junkies : L’assurance du (vieux) routier

Les Cowboy Junkies présentent le spectacle du plus récent opus de leur série Nomade, The Wilderness. Quoi que vous disiez, ne les qualifiez surtout pas de «vieux».

«Il y aura une tournée américaine cet automne, mais j’ai bien l’impression que ce sera la fin d’un cycle.»

Au bout du fil, Michael Timmins, musicien qui œuvre depuis un peu plus d’un quart de siècle au sein des Cowboy Junkies, cette formation folk torontoise qu’on se plaît à désormais qualifier de culte. L’auteur-compositeur et guitariste fait référence au spectacle au Palais Montcalm, qui bouclera la boucle d’une tournée qui, elle, met fin à la série d’albums Nomade, qui s’est conclue l’an dernier par The Wilderness, le quatrième tome, un disque qui a reçu un accueil on ne peut plus chaleureux de la critique lors de sa parution, à l’hiver 2012.

«Le concept de sortir quatre albums en 18 mois, chaque album ayant sa propre esthétique, sa propre prémisse de départ, son propre son, a été intéressant au point de vue créatif, c’est certain, explique Timmins. Artistiquement, nous en sommes vraiment fiers. Aussi, cette série m’a permis de jouer dans mon studio, d’expérimenter différents trucs. Ç’a aussi été l’occasion de se mettre au parfum du Web puisqu’on se permettait beaucoup plus d’entrer en communication avec les fans, de leur demander leur avis.»

The Wilderness, par ses réflexions tantôt spleenétiques, tantôt douces-amères, fait état de l’expérience acquise au fil des petits drames de la vie et de l’incontournable perte de cet état sauvage de la vie, celui qui ronge, qui brûle et qui dévore – d’où le titre de l’album. À son écoute, on décèle une certaine sérénité dans la prose de Timmins chantée majestueusement par sa sœur Margo. «Avec la vieillesse, raconte le guitariste en riant – je ne suis pas vieux! –, on perd cette soif de folie, de nuits sans lendemain… Quant à savoir si je suis serein par rapport au fait de vieillir, je ne pourrais dire. Mais il est vrai qu’à bien y réfléchir, les chansons parlent beaucoup plus d’elles-mêmes que j’aime le croire.»

Ce soir-là, les Junkies se produisaient en spectacle à Napa, en Californie, devant une salle comble. Concert qui faisait suite à un revers assez moche à subir pour quiconque: l’annulation d’un concert. «On ne s’explique toujours pas ce que l’on a fait de mal à Vancouver. Mais on a seulement vendu 200 et quelques billets; le promoteur a fait ce qu’il devait faire, annuler le spectacle. C’est drôle, parce que quelques heures plus à l’est, à Victoria, on a joué devant une grosse foule. Oh well…»

Ce n’est que l’un des coups à encaisser quand on fait de la musique, explique Timmins: «Nous n’avons jamais arrêté. Ces 26-27 années ont été de vraies montagnes russes. Pleines de hauts, pleines de bas. Depuis sept ou huit ans, nous avons atteint une vitesse de croisière qui fait en sorte que les bas sont moins bas et que les hauts, ben, on les voit arriver [rires].»

Au moment de l’entrevue, la Belle Province était toujours sous le joug d’une saumâtre mère Nature qui se plaisait à repousser le printemps au mois de mai. On n’a pas pu s’empêcher de faire une demande spéciale pour le spectacle, la pièce Fuck, I Hate the Cold, grand sourire de chanson rock qui déplore les températures glaciales: «Maybe I’m just getting old, ‘cause fuck I hate the cold». À cette requête, Timmins s’esclaffe: «C’est une chanson qui conclut l’album sur une note joyeuse. Je l’ai écrite pour moi, mais surtout pour Margo qui déteste les hivers québécois. Donc, oui, on va sans doute la jouer. Si ça peut faire plaisir.»