Karina Gauvin, Marie-Nicole Lemieux et Les Violons du Roy / Theodora : Karina Gauvin est Theodora
Musique

Karina Gauvin, Marie-Nicole Lemieux et Les Violons du Roy / Theodora : Karina Gauvin est Theodora

Les Violons du Roy présentent pour la première fois l’oratorio Theodora, de Händel, avec une distribution de luxe qui fait de cette fin de saison un incontournable.

C’est chez elle que je retrouve Karina Gauvin, dans un calme que ne viendront troubler durant notre conversation que les éclats de rire très sonores de la soprano. Elle revient d’Italie, où elle a fait en mars ses premiers pas sur la scène de la Scala de Milan dans La Passion selon saint Matthieu de Bach, avec l’Orchestre symphonique de Milan Giuseppe Verdi. «J’ai aussi participé en avril à un enregistrement de Tamerlano de Händel sur une période de neuf jours, un horaire de fou, avec des enregistrements de 10h du matin à 22h le soir pour l’orchestre et qui se poursuivaient de nuit pour les récitatifs!»

En avril, la chanteuse a aussi remporté un Juno pour son disque Prima Donna, enregistré avec l’orchestre baroque Arion et Alexander Weimann (ATMA Classique). «Je suis contente, parce que j’ai déjà gagné deux fois avec des enregistrements des Violons du Roy [Apollo e Dafne, de Händel, en 2000, et le Requiem de Mozart en 2001], et j’ai reçu des nominations pratiquement chaque année, mais cette fois-ci, c’est pour un disque solo!» Un disque qui regroupe surtout des airs de Händel. «J’en ai vraiment fait une spécialité ces dernières années. J’ai commencé à travailler avec Alan Curtis et son ensemble, Il Complesso Barocco, en 2005 [dans Tolomeo, de Händel], et comme Alan est quelqu’un de fidèle, nous avons beaucoup travaillé ensemble par la suite [presque toujours chez Händel: Alcina, Ezio, Ariodante, Giulio Cesare, etc.]. Ça a été fantastique de faire tout ce travail dans la tradition de l’opéra italien puis de passer, maintenant, à ses oratorios. Theodora est son avant-dernier oratorio, et je crois qu’à ce moment-là, Händel ne se souciait plus beaucoup de faire plaisir au public en terminant par une fin heureuse. Ici, c’est tragique, et très dépouillé, il y a beaucoup moins de fioritures. Il est vraiment dans la profondeur et la pureté de la ligne.»

Karina Gauvin retrouve avec plaisir Les Violons du Roy qu’elle fréquente depuis déjà longtemps: «Bernard [Labadie] a commencé à m’engager alors que j’étais au Conservatoire, notamment… pour le Messie de Händel! C’était le début d’une tradition! Je suis vraiment heureuse de participer avec eux à cette nouvelle aventure à grand déploiement, avec une œuvre qui requiert plusieurs solistes, un chœur et, bien sûr, cet extraordinaire ensemble que sont Les Violons.» Autour de la soprano, qui incarne le rôle-titre, on retrouvera une autre belle voix de chez nous, celle de la contralto Marie-Nicole Lemieux, et aussi le contre-ténor Iestyn Davies, le ténor Allan Clayton et le baryton-basse Andrew Foster-Williams. «J’ai déjà chanté une seule fois avec Iestyn, dans Tolomeo, avec Alan Curtis à Vienne; on se retrouvera l’année prochaine à Glyndebourne pour Rinaldo.» Elle ajoute en riant: «Je serai la méchante qui va le torturer! C’est une vedette en Angleterre, et je crois que les gens d’ici seront contents de le découvrir. Il y a longtemps que j’ai chanté avec Allan Clayton, que je serai heureuse de retrouver, comme Andrew d’ailleurs, avec qui j’ai déjà travaillé en Europe. C’est vaiment une belle brochette!»

Tout de suite après ces concerts avec Les Violons à Québec et Montréal, Karina Gauvin repartira pour la France, où elle chantera cette fois Mozart avec l’Orchestre national de Bordeaux, avant de participer au Festival de Saint-Denis dans Un requiem allemand de Brahms, avec l’Orchestre de chambre de Paris et le Rundfunkchor Berlin. «À la fin de l’été, je partirai vers Amsterdam pour une production d’Armide, de Gluck; je serai là un mois et demi seulement pour les répétitions, puis encore un mois pour les représentations! Je vais passer beaucoup de temps en Europe à partir de la mi-août.» Une autre bonne raison de ne pas rater sa présence parmi nous dans cette grande production des Violons du Roy avec La Chapelle de Québec et le chef Bernard Labadie.