Champion : À force de courage
Musique

Champion : À force de courage

Deux ans après avoir mis K.-O. son lymphome, DJ Champion revient sur les lieux du combat avec °1.

Quelque chose a changé chez Maxime Morin.

Bien sûr, le musicien a donné une nouvelle signification à son nom de scène en triomphant d’un adversaire de taille, mais il ne présente pas son troisième album à Voir comme il abordait sa collaboration avec l’OSM en octobre dernier. «Bien sûr, tu peux faire abstraction de ton ego pis faire un disque où la musique sera cohérente d’un bout à l’autre. Un disque qui s’écoute "tellement bien"», lance-t-il, sourire en coin, en mimant des guillemets. «Mais ce n’est pas ça que je voulais faire. Un disque qui a le même son d’un bout à l’autre? C’est une invention, c’est une fabrication. Dans la vie, les gens ont de bons moments pis y en ont aussi de moins bons. Tout comme l’artiste, qui compose de bonnes tounes pis ben des mauvaises! C’est sûr qu’un album homogène est plus vendeur, mais c’est aussi un mensonge.»

D’où le titre de l’œuvre («degré un») et la démarche de l’artiste qui propose ici un amalgame de compositions belles et raffinées – les fameux morceaux de facture «classique» – et de pièces chantées par Morin qui s’avèrent plus crasseuses, bluesy (°356 – Ain’t Got a Friend) et tirant même sur le grunge (°359 – Nothin’ Nothin’). «Je voulais vraiment polariser le disque. Ce qui est doux et sensible, puis son opposé. Je voulais montrer ma maladresse. Montrer que je chante mal. C’est un peu une mise à nu, en fait.»

(Presque) une mauvaise idée!

C’est donc un Maxime Morin sagace qu’on retrouve ici et celui-ci envisage sa personne, son métier et ce nouveau disque avec une lucidité effarante… sans toutefois perdre de vue l’aspect ludique et grisant de la chose. «Dans un plan marketing, faire ce disque-là est pas pire proche de la pire idée à avoir!», s’exclame-t-il, hilare, en pointant le caractère ambitieux, mais ô combien jouissif, de l’œuvre où Champion est entouré de ses acolytes habituels (les G-Strings, le chanteur Pilou), mais également d’une panoplie de musiciens supplémentaires, dont le quatuor à cordes Mommies on the Run.

Plus tard, lorsqu’on lui demande si ce n’est pas un peu cruel de ressasser en entrevue la maladie qui lui aura inspiré ledit disque, Champion esquive notre question pour revenir à sa notion de plaisir. «Cette musique fait aussi référence à de beaux moments», souligne-t-il en faisant référence au défi de «faire du classique», mais aussi à l’euphorie découlant de l’aspect incroyablement collaboratif de l’enregistrement (°1 est le CD du DJ où l’on retrouve le plus d’invités à ce jour). «Donc, quand j’en parle ou que je l’entends, je tripe toujours, parce qu’on a eu du fun et parce que j’ai pu aussi faire ce que je voulais avec!»

«Fuck that shit!»

Morin surprend également en annonçant qu’à ce jour, il n’organisera qu’un seul concert cet été, baptême de l’œuvre. Lorsqu’on mentionne l’effondrement de l’industrie du disque, il sourit. Lorsqu’on lui demande pourquoi il ne «finance» pas une production aussi onéreuse avec une série de prestations en mode DJ, par exemple, ses yeux s’illuminent. «C’est vrai. Ce serait plus payant de faire une tournée solo – ou de faire du dubstep! –, mais fuck that shit! On ne fera qu’une version du show avec un orchestre symphonique ou quelque chose du genre. Peut-être qu’on ne fera que trois, quatre shows au cours de l’année, mais ces shows-là seront tripants en tabarnac!», conclut-il, confiant.

°1 (Bonsound)

Dans les bacs dès le 28 mai

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