Indochine : Entre fric et musique
Musique

Indochine : Entre fric et musique

À l’orée d’un passage d’Indochine au Centre Bell, Nicola Sirkis s’étend sur l’aspect économique du groupe culte. 

«Peut-être que dans 10 ans, je vais regretter de ne pas avoir fait assez d’argent, mais en attendant, j’ai la conscience tranquille!», lancera notamment le fameux chanteur à quelques jours du concert tant attendu. Des mois après la mise en marché de l’album Black City Parade et des semaines après la crisette entourant la parution du clip de College Boy, Voir a proposé au camp Indochine une entrevue tournant davantage autour du contenu de ses fichiers Excel que des chansons de son plus récent disque. Étonnamment, Nicola Sirkis a non seulement répondu à l’appel, mais y est allé avec entrain. Bref, la comptabilité aura rarement été aussi énergique.

Monstrueux, mais responsables 

Bien avant la commotion causée par la récente collaboration entre Indochine et Xavier Dolan, le leader du quintette français a dû expliquer une autre association qui en aura fait sourciller plus d’un dans l’Hexagone: le dernier concert de la tournée Black City Parade – au Stade de France – sera produit par le géant américain Live Nation. En entrevue avec Charts in France, Sirkis révélait que «contre toute attente, (Live Nation a été) la seule (compagnie de production) à nous garantir ce que nous demandions. C’est-à-dire un prix des places imposé par nous, quoi qu’en coûte la production. Et quand je dis les seuls, ils ont vraiment été les seuls». Des mois plus tard, l’interprète s’étend sur sa position en deux temps. «Premièrement, notre but n’est pas de nous enrichir», lance-t-il, avant de s’empresser d’approfondir. «Certains artistes ont ce besoin, car ils ont un certain niveau de vie et des gens à entretenir, mais nous ce n’est pas le cas. Déjà, le fait de pouvoir vivre de notre musique nous suffit largement. Deuxièmement, il y a une certaine dignité à avoir. On vit dans un monde capitaliste et libéral, OK. On a de hauts et de bas salaires dans une tournée, c’est comme ça. Notre but est également de faire en sorte que tout le monde soit bien payé tout en maintenant des prix de billets pour que le public se déplace sans trop dépenser. Nous sommes toujours en période de crise, et avec notre musique, on ne véhicule pas de la nourriture ou autre chose, mais de l’émotion… ou de la nourriture émotionnelle, si vous préférez! On ne peut pas la quantifier. Les gens qui font ça, pour moi, c’est du hold-up.»

Discours étonnant pour le leader d’un groupe idolâtré, mais quand même lucide lorsqu’on se penche sur «l’insuccès» de la présente série de spectacles des Stones qui «peinent» à écouler leurs billets tant ceux-ci sont onéreux. «C’est vrai que nous sommes un groupe monstrueux et que chaque déplacement coûte beaucoup d’argent. Peut-être qu’on aurait pu se le permettre en gonflant le prix des places, mais le but est aussi d’avoir un maximum de monde possible au concert.» Considérant le succès actuel du Black City Parade Tour (la plupart des concerts de la tournée – qui s’étire jusqu’à l’été prochain – affichent déjà complet), tout porte à croire qu’Indochine et son équipe en sont venus au dosage idéal. 

Le pouvoir de dire «merde»

Indochine surprend aussi par son approche très contemporaine des réseaux sociaux, le groupe et son équipe faisant circuler autant l’actualité concernant Indochine que des œuvres captées par ses admirateurs. «Dieu soit loué, ça nous permet d’échapper aux fan-clubs d’antan où les gens devaient payer pour demeurer en contact avec leurs artistes préférés!», souffle Sirkis qui voit dans cette relation privilégiée un moyen de maintenir le contact sans le filtre médiatique, en plus de demeurer un simple échange de bons procédés. «On offre ça à notre public qui nous offre, à son tour, notre passion et notre vie rêvée. Faut pas se leurrer, on a la vie qu’on a – où on peut se permettre de dire “merde” à la maison de disques, parfois – grâce à ce public-là. Il nous donne du pouvoir et avec celui-ci, on peut dire et faire des choses.»