Festival d’été de Québec / Francis Mineau [Oothèque] : L’éclosion
Francis Mineau passe de la batterie au micro avec Oothèque.
En mai dernier, quelques mois après le début de la sabbatique que Malajube s’imposait, un des membres du bataillon dévoilait un premier album homonyme pour Oothèque, création de Francis Mineau. «Je ne voulais pas le présenter comme un projet solo ou encore me présenter comme un auteur-compositeur-interprète derrière une guitare sèche et un micro», confie le principal intéressé en abordant l’importance du nom de plume derrière sa nouvelle aventure. «Je ne voulais pas que ce soit présenté comme étant “des chansons d’un chansonnier”, mais bien comme un tout. Ça rejoint l’idée littérale de l’oothèque: un ensemble de petits ensembles. Un tout qui se tient, mais sans rien mettre de l’avant… car j’ai eu autant de fun à la guitare qu’au drum et aux paroles!» L’idée imagée du fameux terme, elle, aura inspiré le son du violon d’Ingres.
L’organique et le technique
C’est la calligraphie du mot «oothèque» qui, par définition, est une membrane rigide protégeant les œufs de certains mollusques et insectes lors de la ponte, qui aura d’abord séduit Mineau avant de se l’approprier comme étant un projet musical hétéroclite. «Deux “o” ensemble, c’est déjà peu commun, fait-il valoir, et ça fait charnel, féminin à la limite. Puis les lignes droites – l’opposé du début – embarquent à la fin du mot.» Plus tard, le chanteur et multi-instrumentiste fera valoir que le tracé du mot s’appliquait aussi à sa recherche musicale. «Je voulais mettre de l’avant une facette plus “nature” – avec guitare acoustique, piano, etc. – et une autre plus “technique”, car je voulais aussi utiliser des samplings, une beatbox, etc. C’était ça, l’idée de départ: faire un disque qui ne soit pas que synthétique ou folk acoustique. Je voulais que les deux cohabitent et trouver quelque chose d’intéressant à faire avec ça.»
L’essence du disque
Oothèque est en incubation chez Francis Mineau depuis 2011, l’idée ayant pris racine alors que Malajube terminait l’enregistrement de La caverne, son quatrième album. «Ce n’était pas un plan à la “OK! Malajube fait une pause? Vite! Je dois me trouver quelque chose!”, assure-t-il. À un moment donné, j’ai eu le désir de faire un disque, dans l’essence la plus pure, la plus simple et la plus romantique du terme.» Composer des chansons et les enregistrer, quoi. «Je pensais que c’était possible de faire un disque… puis de le laisser aller dans le monde!»
L’artiste s’est donc mis au travail, fabriquant ses pièces sans pression, sans être convaincu qu’il allait les endisquer… ou qu’il les écrirait. «Maintenant, j’écoute les paroles et je me dis: “OK. Est-ce vraiment moi qui les ai écrites?”», glisse-t-il, amusé, revenant notamment sur le cas de Robothérapie, troisième pièce de l’album bardée d’allégories. «Je n’irai pas jusqu’à dire que c’est de l’écriture automatique, mais c’est quand même l’idée derrière», indique-t-il en pointant des strophes comme L’effet fantôme que tu me fais / Ne dort jamais, il brûle dans mon lit. «Ça suggère plein d’images!», enchaîne-t-il.
Avec un peu d’aide de mes amis
Bien que Francis joue de l’essentiel des instruments, il a tout de même accueilli des invités ici et là au sein de la coque d’Oothèque, dont Lisa Iwanicki de Creature, Pierre-Luc Bégin de We Are Wolves, Julien Mineau de Malajube ainsi que Pascal Shefteshy qui a enregistré l’album, en plus d’épauler l’artiste dans sa démarche. «On s’est connus en travaillant», résume le chanteur, mentionnant qu’il a rencontré Pascal en accompagnant Peter Peter – qu’on retrouve aussi sur le disque, d’ailleurs – à la batterie. Tout d’abord recruté pour capter les pistes, Shefteshy se sera avéré un allié aussi précieux que sympathique à la cause. «Je n’avais pas prévu ça: inclure quelqu’un d’autre dans la création de ce disque, s’étonne Mineau. Qu’on s’entende bien était inattendu, mais important, finalement! Ça faisait du bien qu’une autre personne réfléchisse avec moi au projet, souhaite aussi le rendre meilleur», glisse celui qui a été habitué à la création à quatre en compagnie de son fameux groupe.
«Travailler seul m’a forcé à tout faire par moi-même, à prendre davantage de décisions, mais aussi à me découvrir moi-même à titre de créateur», énumère l’artiste. Autre aspect fort apprécié de l’exercice solo? Les bourdes qui en découlent. «Les accidents sont l’autre chose intéressante que tu découvres de toi en créant, analyse Mineau. Me tromper d’accord – donc, jouer une note qui ne vient pas de mon raisonnement technique – peut donner une meilleure mélodie, par exemple.»
Le 7 juillet à 23h30 au Cercle à l’occasion du Festival d’été de Québec