Fatoumata Diawara : Appelez-la Fatou Karaba
Sacrée révélation de l’année par les critiques britanniques de musique du monde, la belle Malienne Fatoumata Diawara vient envoûter Québec avec sa guitare écarlate.
«Les gens qui me connaissent m’appellent Fatou, mais j’aime Fatoumata Diawara. C’est long, c’est compliqué, mais c’est moi! Je ne suis pas une enfant simple…», dit-elle avec un air qui se veut sérieux, mais trahi par un sourire espiègle qui lui fait plisser des yeux. N’empêche que ce premier album, baptisé simplement Fatou, fait l’unanimité autour de cette nouvelle gazelle du Mali. Des gens comme le rocker Damon Albarn, le célèbre batteur afrobeat Tony Allen, Toumani Diabaté le roi de la kora ou même le bassiste Jon Paul Jones de Led Zeppelin, se retrouvent tous sur cet enregistrement captivant, lui donnant ainsi leur bénédiction.
Éduquée en Europe, la jeune Fatoumata est une actrice reconnue par les Africains de la diaspora comme par ceux du pays pour avoir joué des héroïnes épiques dans des films populaires à petit budget comme Sia, le rêve du python. Mais avant de devenir la choriste de la diva Oumou Sangaré, elle jouera l’Antigone de Sophocle et 300 fois sur les planches elle incarnera la redoutable sorcière Karaba, la femme avec une épine enfoncée dans le dos.
«Je me suis rendu compte, au fur et à mesure, qu’il y avait beaucoup de Karaba dans la société africaine. Des femmes que l’on croit maléfiques ou simplement méchantes, mais qui sont, au départ, des femmes blessées, violées, qui ne se sont jamais exprimées.»
Mais la Diawara s’exprime avec beaucoup d’aisance et de sincérité. Elle écrit ses propres chansons qu’elle incarne avec une présence physique et une grâce remarquables. D’abord toute droite derrière sa guitare Grestch sans un regard pour ses trois musiciens noirs, elle se déchaîne dans la chorégraphie de Sowa, mimant une guerrière.
«On commence à peine à parler de sujets comme l’excision, par exemple. Le combat ne fait que commencer. Et c’est quand même une grosse responsabilité d’écrire des chansons sur des thèmes engagés et de les défendre partout dans le monde.»
Fatoumata est parfaitement consciente qu’il faut des gens qui osent pour faire changer les choses. C’est ainsi qu’elle a rassemblé une quarantaine d’artistes à Bamako en plein conflit armé pour enregistrer Mali-Ko (La Paix), une chanson écrite en plein couvre-feu et dans le feu de l’action pour éviter la guerre civile et le déchirement des ethnies du Nord.
Ne ratez surtout pas ce rendez-vous unique avec Fatoumata: elle porte un message universel et elle vient de très loin.
Le 8 juillet à 19h30
À place D’Youville à l’occasion du Festival d’été de Québec