Daniel Bélanger / Le Festif! : Daniel en vacances
Daniel Bélanger étrenne les chansons de son nouvel album Chic de ville sur la scène du Festif! de Baie-Saint-Paul. La jeune recrue du rockabilly québécois a bien voulu interrompre ses vacances pour nous avouer qu’il n’avait aucune idée de ce à quoi allait ressembler son concert. Ou presque.
Pour tout vous dire, Daniel Bélanger est en vacances et avoue candidement au bout du fil ne pas trop encore avoir pensé au concert de la tournée Chic de ville qu’il étrennera en primeur au Festif! de Baie-Saint-Paul. Daniel Bélanger ne sait en fait que deux choses. La première: à moins de changement de dernière minute, il ne trempera pas ses classiques dans la pâte à cheveux rockabilly qu’il a employée pour faire reluire ses élégantes nouvelles chansons (pas de solo de guitare "twang" dans Sortez-moi de moi, donc, pas plus que de version countrysante d’Opium). La deuxième: il entend bien renouer avec la lumière, après avoir beaucoup visité la noirceur pendant la tournée de L’échec du matériel, un album qui l’avait révélé en auteur-compositeur sombre et engagé. «Dans le dernier théâtre musical que j’ai écrit avec René-Richard Cyr, Le Chant de Sainte Carmen de la Main, le personnage de Maurice demande à Carmen de faire juste de "l’entertainment", de se contenter de chanter et de se fermer la gueule. [Il faut savoir que Carmen ambitionne d’éveiller les consciences avec ses spectacles.] Ce n’est pas exactement la position que j’adopte aujourd’hui, mais disons que je me suis ennuyé du côté simplement festif pendant la tournée de L’échec du matériel. J’ai repris un peu la fête avec Nous [son précédent album funk] et je compte bien la reprendre pour de bon maintenant.»
Mais pour faire la fête, il faut savoir bien choisir les chansons, un travail jonché de dilemmes cornéliens qui accable de plus en plus Bélanger à mesure que les hits incontournables s’accumulent dans son étui de guitare, confie-t-il. «Je ne sais pas où j’ai entendu cette anecdote. C’est Neil Young qui rencontre dans un hôtel les gars de Pearl Jam qui viennent juste de faire paraître Ten, leur premier album, et qui leur dit: "Vous êtes chanceux de voyager léger." Il ne parlait pas de leurs valises, mais de leurs chansons. Eux n’en avait peut-être qu’une douzaine, tandis que Neil Young en avait probablement déjà des centaines. Sans me comparer à Neil Young, je me retrouve un peu dans la même situation. Au début, quand on donne des spectacles, c’est facile, on n’a qu’à jouer toutes nos chansons. Aujourd’hui, comme je ne veux pas jouer que 20 grands succès, je dois en laisser tomber certains. J’essaie de faire plaisir aux gens comme de me faire plaisir.»
Après le spoken word/trip-hop sur Déflaboxe, le funk sur Nous, et le rockabilly sur Chic de ville, dans quel genre Daniel Bélanger compte-t-il maintenant se draper? Peut-on rêver à un Bélanger métal ou free jazz? «Oui, c’est du domaine du possible. Peut-être que je pourrais me retrouver dans la salsa, qui sait?, répond-t-il, de ce ton pince-sans-rire qu’on lui connaît. Je n’ai de préjugé contre aucun genre ni contre aucun instrument. Les instruments, c’est ma boîte à outils. C’est pour ça que je n’arrive pas à faire de blagues sur les saxophones comme d’autres en font. Je me dis toujours qu’un saxophone bien utilisé pourrait peut-être trouver sa place.»