Dossier grands événements internationaux / Impact économique : Retombées positives pour qui?
Sir Paul sera en ville le 23 juillet. Un retour après le spectacle gratos de 2008, la grande fête «beatlesque» qui avait battu des records d’assistance sur les Plaines. Un gros show, une grosse organisation et beaucoup d’argent investi. Mais à qui est-ce que ça profite vraiment?
James Monti est manifestement de ceux-là. Choyé, le propriétaire du Savini – resto, bar et vinothèque de la Grande Allée – voit (déjà) gonfler son chiffre d’affaires chaque soir de grand événement au parc des Champs-de-Bataille. Paul McCartney à Québec, pour lui, c’est la manne qui arrive. Ou du moins, c’est ce qu’il prévoit, parce que tous ses employés sont déjà convoqués pour ce shift très spécial. Tous seront mis à profit pour assurer un service impec’ malgré la marée humaine prédite par M. Monti. «Ça nous donne de la visibilité médiatique, parce que chaque fois qu’on parle d’un spectacle, on parle de ce qu’il y a autour.»
Même son de cloche quelques kilomètres plus loin et dans un autre quartier, celui du Vieux-Port. Là-bas, le directeur de la réputée Auberge Saint-Antoine se réjouit du passage de son idole de jeunesse à Québec. En fan irréductible avoué, Jean-Louis Souman ne se cache pas: «Tout le monde rêve de voir M. McCartney dans son établissement ou de le voir tout simplement.» Et en attendant de voir s’il choisira le Panache pour le repas avec ses musiciens – d’ailleurs, M. Souman fait dire qu’il est plus que bienvenu – le chic hôtel non loin du Petit Champlain et du Musée de la Civilisation affiche déjà complet pour la nuit du 23 au 24 juillet. «On a vite senti l’engouement pour les réservations dès l’annonce du spectacle.»
Le Saint-Amour se souvient
Si on imagine sans mal M. Souman en train de lancer toute sa petite monnaie dans la fontaine de Tourny en faisant le vœu d’accueillir Paul McCartney en son lieu de travail, Gilles Doucet peut quant à lui se vanter de l’avoir déjà fait. C’était en 2008, et le flair du maître d’hôtel du restaurant Le Saint-Amour s’était avéré payant. «La semaine avant son spectacle, deux personnes avec un fort accent britannique sont venues nous demander si elles pouvaient réserver un coin tranquille pour 21 personnes. Comme je garde le salon privé pour les groupes de 30 et plus, j’ai osé leur demander « Est-ce que c’est pour Paul McCartney? » La dame a dit oui, et m’a fait promettre de garder le secret pour des raisons de sécurité.» La suite, nombreux sont ceux qui la connaissent. «Les gens venaient se faire photographier dans la pièce où McCartney avait mangé et me demandaient s’ils pouvaient s’asseoir sur la même chaise que lui. C’en était presque religieux.»
Et pour Saint-Roch?
Jean-Claude Anto, programmateur de Antenne-A qui sévit essentiellement au Cercle à longueur d’année et Yannick Cimon-Mattar de Get a Room, en charge (notamment) de l’organisation d’Envol et Macadam, sont unanimes: les gros show comme ceux de Paul McCartney et Céline ont un impact plutôt négatif – quoique non dramatique – sur leurs ventes. «Faut pas se le cacher, les gens ont un budget limité. S’ils paient leurs passes du FEQ, des billets pour Paul et pour Céline, combien va-t-il leur rester pour des shows de danse, de théâtre ou pour découvrir des nouveaux groupes?», s’interroge Jean-Claude Anto.
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