Festival d’opéra de Québec / La damnation de Faust : La Marguerite de Faust
La mezzo-soprano Julie Boulianne revient au Festival d’opéra de Québec pour chanter dans La Damnation de Faust.
Les gens autour de nous ne se doutent pas que la jeune fille qui vient de s’asseoir à ma table est en fait, déjà, une grande dame de l’opéra qu’on ne cesse de réinviter au Metropolitan Opera de New York, qui s’apprête à fouler les planches du Royal Opera House (Covent Garden) à Londres et qui pourrait bien conquérir l’Europe en entier par la suite! «Je crois qu’il y a toujours eu de grandes voix chez nous, dira Julie Boulianne avec modestie. Quand j’ai commencé à chanter, il y avait déjà Lyne Fortin ou Karina Gauvin, et il y en avait eu d’autres avant! Le chant, ça vient nous chercher on ne sait trop d’où… Je faisais déjà de la musique, mais un jour j’ai compris que mon instrument, c’était ma voix.» Le Met la tient passablement occupée depuis ce rôle de Stéphano dans Roméo et Juliette, sous la direction de Plácido Domingo en 2011: «New York, c’est une ville que j’adore, alors ça tombe bien! Je connais des gens qui travaillent là, mais qui détestent le bruit, le stress, etc. Moi, je trouve que c’est une ville qui respire, malgré la folie qui y règne. Quand on se retrouve dans les meilleures conditions qui existent pour faire son métier, on remercie la vie!»
Julie Boulianne était déjà au Festival d’opéra de Québec l’année dernière, participant à la création de la mise en scène de Robert Lepage de l’opéra The Tempest du compositeur britannique Thomas Adès, et voici qu’on nous la ramène pour tenir le rôle de Marguerite dans La Damnation de Faust d’Hector Berlioz d’après Goethe: «Je suis contente d’être de retour à Québec, et ce, dans d’excellentes conditions! Je pense que l’Opéra de Québec se porte très bien sous la direction de Grégoire Legendre, et puis, retravailler avec Robert Lepage, je ne peux pas demander mieux! Il sait vraiment faire ressortir le meilleur des gens avec qui il travaille.» Elle y retrouve aussi d’autres amis: «J’ai chanté avec John Relyea [basse] dans une production du Faust de Gounod au Met cette saison-ci (il faisait aussi le rôle de Mephisto!), j’ai fait un Roméo et Juliette à Vancouver avec Gordon Gietz [Faust, ténor], et puis j’ai croisé Alexandre Sylvestre [Brander, baryton-basse] très souvent depuis l’Atelier lyrique. J’aime bien avoir un rôle féminin de temps en temps, parce que je fais souvent des garçons… Marguerite, c’est un rôle qui est assez concentré, en comparaison avec celui de Faust, par exemple, qui est beaucoup plus long et qui demande vraiment un très très bon ténor (ce que nous avons!).»
Elle passera encore beaucoup de temps aux États-Unis la saison prochaine, avec quelques escales chez nous, et la saison suivante sera très européenne. Mais entre toutes ces occupations, la chanteuse est aussi une consommatrice d’opéra: «La Damnation, je l’ai vue au cinéma en fait, et c’est superbe, très vivant, c’est… Robert Lepage! Mais il faut vivre l’opéra sur place, autant que possible, pour vraiment le ressentir. Et il faut aussi aller voir Powder Her Face, un autre opéra de Thomas Adès que présente le festival!» Ça nous fait deux rendez-vous à ne pas manquer!