Heavy métal et jeux vidéo : Filiation poilue
Geeks & web

Heavy métal et jeux vidéo : Filiation poilue

Du côté des musiciens heavy métal, l’intérêt pour les jeux vidéo et autres passions geeks n’est pas récent, mais bien cultivé depuis des décennies.

Dominic Arsenault, professeur adjoint au Département d’histoire de l’art et d’études cinématographiques à l’Université de Montréal, dont les travaux abordent notamment l’histoire et la musique du jeu vidéo, rappelle qu’avant l’impact de la console Nintendo au cours des années 1980 – qui a revitalisé le genre tout en rajeunissant le public cible – les divertissements vidéoludiques étaient non seulement populaires, mais «on en retrouvait partout. Il y avait des bornes dans les pharmacies, les restaurants. C’était un peu comme des distributrices de gommes ballounes pour les commerçants!», glisse-t-il. Les arcades, elles, étaient également des lieux de rassemblement pour les marginaux, dont les fans de heavy métal. Ainsi, en plus de composer une chanson évoquant les jeux vidéo, Helloween a ponctué son brûlot The Game Is On de sons dignes d’un Game Boy. «Mon collègue Louis-Martin Guay m’a montré la vidéo pour Freewheel Burning de Judas Priest se déroule dans une arcade», ajoute Arsenault avant de se remémorer que Rush a fait de même avec son clip Subdivisions.

De nos jours, le heavy métal s’incorpore maintenant aux musiques de certains jeux (Through The Fire And Flames de Dragonforce, par exemple, a donné bien du fil à retordre à bon nombre de gamers sur Guitar Hero 3), alors que de plus en plus de musiciens du genre reprennent les bandes originales de jeux d’antan à la sauce rock. Le professeur, auteur et conférencier avance plusieurs hypothèses pour expliquer cette propension. Outre l’évidente nostalgie, la notion de défi serait également à considérer. «J’avancerais que la virtuosité technique y est également pour quelque chose. Pour jouer du métal, on doit être un musicien accompli dans un certain type de performance qui est très rapide. Une virtuosité qui n’est pas sans rappeler celle exigée par certains jeux vidéo rétro», élabore-t-il avant de conclure en passant de la théorie à la pratique. «Moi-même, quand je joue de la musique de Mega Man ou de Castlevania, je constate que c’est très difficile à réinterpréter, car ça ne correspond pas du tout aux patterns naturels de musiques populaires!» Comme quoi, la musique de jeux vidéo d’antan ne serait pas si simple qu’on pourrait le croire.

Site de Dominic Arsenault: le-ludophile.com