Karim Ouellet : Je reviens chez nous
Musique

Karim Ouellet : Je reviens chez nous

Il vit dans ses valises, ne dort presque plus dans son lit à lui, celui de son appart’ dans Montcalm. Entre une gig au FestiVoix de Trois-Rivières et une autre au Festival de la gibelotte de Sorel, Karim Ouellet, le fin renard devenu pop star, renouait avec la ville qui l’a vu naître comme créateur à part entière, à l’occasion d’un concert donné le 6 juillet dernier au FEQ.  

«En avril, mai et juin, je pense que j’ai été à Québec pendant deux semaines en tout et partout.» Joint au téléphone quelques heures avant sa perfo au Canada Day d’Ottawa, Karim Ouellet laisse percevoir – bien malgré lui – un brin de fatigue dans sa voix malgré son calme légendaire et son attitude de bon garçon qui sont restés intacts. Sa vie n’a pas changé – ça, il s’empressera de le dire – et son point d’ancrage demeure Québec. «Je suis un peu essoufflé, c’est un beat un peu fou. Je n’ai pas le temps d’écrire, quoique je ne l’ai pas fait entre les deux premiers albums de toute façon.» Même s’il avoue ne pas penser au troisième disque, il espère pouvoir s’y mettre d’ici un an et demi et assurément avec Claude Bégin au 1036, rue Cartier, quartier général du hip-hop nouvelle vague made in la Vieille Capitale.

Inchangé par le fame – et possiblement parce que sa gang de chums est restée la même – le Sénégalais d’origine garde les pieds sur terre en partie grâce à son statut de mec quasi anonyme en France. Là-bas, personne ne le reconnaît dans la rue. Pas encore. «J’ai une toune qui vient d’entrer dans les radios. Mais l’album ne sort que le 5 septembre. On y va tranquillement, une étape à la fois.»

Rester à Québec?

Cette question-là, on la lui pose souvent. Mais le chanteur est catégorique: «Mon band est à Québec et mon label aussi. Si je déménage un jour, ce sera de Québec à Paris et pas de Québec à Montréal. Et faudra que ce soit pour une super grosse raison, pas juste la musique.» Donc, pour une fille? «Ouais», répond-il à brûle-pourpoint et sans surprendre grand-monde: on le sait déjà fleur bleue, quoique discret et posé. Les textes de L’amour et de Cyclone en témoignent d’ailleurs très bien. Constat facile et vérifiable auprès du principal intéressé: Karim choisit une ville en fonction des gens qui y habitent. «Québec, c’est une place hot pour la musique. Au-delà d’un son particulier, il y a une attitude. Tout le monde se parle et les styles se mélangent.»

Et force est d’admettre que le succès du membre de feu Movèzerbe désamorce bien des départs vers la métropole. Les gars de Casabon et Mauves vous le diront, Guillaume Chiasson de Ponctuation aussi. «Moi-même, j’ai eu envie d’aller à Montréal, surtout quand la Galerie Rouje a fermé. Puis, Le Cercle a ouvert et Le Pantoum aussi. Et je m’en rends compte: y’a encore plus de monde aux shows qu’avant, beaucoup d’entraide aussi.» 

Ce qui n’empêche pas les gars d’Alaclair Ensemble de partir, dont Maybe Watson il y a à peine quelques semaines. «Je suis parti pour des raisons personnelles, mais j’avoue que ça brasse un peu moins à Québec. Je pense que c’est une illusion. La scène est pas plus intéressante qu’avant: c’est juste à cause de Karim. Je pense que tu dois vraiment être exceptionnel comme lui pour percer si tu choisis de rester à Québec.»