Phoenix / Osheaga : Vol au-dessus d'un nid de coucou
Musique

Phoenix / Osheaga : Vol au-dessus d’un nid de coucou

Des mois après la parution du périlleux Bankrupt!, le combo rock pop français Phoenix revient en ville avec un enregistrement aussi grisant qu’épuisant.

Interrogé à quelques jours du dévoilement du fameux disque, le chanteur Thomas Mars était particulièrement pince-sans-rire. «On crée constamment de la musique – qui est, souvent, très médiocre – et parfois, y’a quelque chose qui ressort du lot et on le conserve des jours, des mois ou des années», explique-t-il en abordant la méthode de travail de Phoenix, qui a mené le guitariste Christian Mazzalai à lancer au magazine Under The Radar que le groupe a frôlé la folie en créant cette cinquième œuvre. Loin de calmer le jeu, Mars en rajoute: «C’est vrai qu’on frôle souvent la démence, car notre méthode de travail fait en sorte que, jusqu’à la dernière minute, on n’a presque rien. Tout prend corps et sens qu’au cours des dernières semaines. On ne s’accroche à presque rien, aucune certitude, pendant des mois, et chaque ébauche qu’on tient à bout de bras peut ne pas fonctionner. C’est au cours des dernières semaines qu’on pose une pierre angulaire qui fait que, soudain, l’édifice ressemble à quelque chose. C’est donc que dans les dernières semaines qu’on se rend compte si on a loupé notre coup ou pas!»

Heureusement pour la troupe, Bankrupt! tient davantage du succès que du krach et compte davantage de critiques positives que négatives. À défaut d’être la suite logique de Wolfgang Amadeus Phoenix, le CD précédent qui a permis à la bande de remporter le Grammy du meilleur disque alternatif en 2010, ce nouveau jalon a tout de même été inspiré par toute l’effervescence de ce dernier. «On savait que peu importe les folies qu’on allait commettre, on s’est dit que les gens allaient l’écouter au moins une fois. C’est un constat qui nous a même servi d’outil créatif», poursuit Mars, en faisant référence aux attentes crées par les Lisztomania et autres tubes du genre. «On se disait que les gens iraient jusqu’au bout des morceaux au moins une fois… du moins, on l’espère! Du coup, je crois qu’on se permettait des transgressions plus grandes, disons! C’était plus qu’une pression, c’était une liberté!» 

Plaisirs solitaires 

Près de 15 années après sa création, Phoenix est loin de se remettre en question. Bien au contraire, la raison première réunissant les musiciens et amis d’enfance serait toujours aussi présente qu’auparavant. «La seule chose qui nous guide en fait, c’est ce plaisir égoïste des moments de trouvailles. De ces instants où on trouve quelque chose qui nous est nouveau qui nous semble fantastique sur le moment, mais ne l’est pas toujours finalement. En revanche, c’est des moments que nous aimons partager ensemble et qui se répètent de semaine en semaine, car c’est toujours de véritables marathons incroyables pour nous de faire un disque et ces petits moments courts et intenses – qui peuvent durer une petite minute par semaine – font en sorte que tout ça vaille le coup.» Puis lorsqu’on lui demande quel est l’ultime «moment de trouvaille» de Bankrupt!, Mars se fait moins fantasque. «C’est difficile à dire, car chaque seconde de musique devrait être un moment du genre. C’est ce qu’on recherche, en fait.»

Le 2 août à OsheagaProgrammation complète sur osheaga.com