Pierrot Fournier / Brel sous les étoiles : Impérissable Brel
Musique

Pierrot Fournier / Brel sous les étoiles : Impérissable Brel

Pierrot Fournier chante Brel sous les étoiles avec l’Orchestre symphonique de Québec, sous la direction de Gilles Bellemare. Aller simple vers l’inaccessible étoile à bord de la majestueuse fusée d’un impérissable répertoire. 

Parce que là où il y a de la gêne, il n’y a pas de plaisir, et parce que Voir, le journal que vous tenez présentement entre vos douces mains, n’a jamais su résister aux charmes d’un jeu de mots juteux, allons-y gaiement et écrivons que pour Pierrot Fournier, chanter Brel sous les étoiles avec l’Orchestre symphonique de Québec sous la direction de Gilles Bellemare, c’est un peu comme avoir la chance d’atteindre à s’en écarteler – roulement de tambour – l’inaccessible étoile! «L’orchestre porte encore plus loin les classiques de Brel à cause des arrangements qui sont ma-gis-traux, explique-t-il en détachant bien chaque syllabe. À la fin de La Quête, justement, ça éclate, c’est majestueux! C’est un enrobage qui est absolument fantastique.»

Fournier parle en connaissance de cause: il y a maintenant près de 25 ans que cet exégète de Brel – probablement son plus grand interprète au Québec – ornait de riches arrangements (signés Gilles Bellemare) l’épique répertoire de l’auteur de Ne me quitte pas en compagnie de l’Orchestre symphonique de Trois-Rivières (le concert Brel symphonique a depuis été offert à près de 20 reprises avec différents orchestres). Une rencontre on ne peut plus logique, les morceaux du Belge présentant déjà de solennelles qualités qui n’attendaient qu’à être davantage mises en lumière par la somptuosité des cordes et des cuivres. «Chanter pendant qu’un musicien joue un solo au violoncelle, c’est pour moi un moment émouvant et magique qui ne peut pas arriver quand j’interprète Brel avec un pianiste comme je le fais pendant le reste de l’année.»

Quelle stratégie Fournier emploie-t-il pour ne pas donner dans la bête imitation style André-Philippe Gagnon tout en effaçant de nos esprits le faciès en pâte à modeler de Brel? «Quand je chante, ce n’est pas Brel que je joue. Son interprétation était tellement forte, il mordait tellement dans les mots, c’est impossible à reproduire», explique celui qui trimballe La valse à mille temps et Amsterdam sur les scènes de la province depuis 1983, en plus de garder vivants les catalogues de Brassens, Ferré, Reggiani, Montand, Ferrat, Aznavour et Léveillée. «Je me mets dans la peau des personnages qu’il interprétait, de celui du pauvre garçon qui attend Madeleine ou de celui qui raconte Les Vieux. Ce sont toutes des petites pièces de théâtre qu’on peut jouer et mimer.»

Bien qu’il observe une proportion de plus en plus importante de têtes blanches dans les salles qu’il visite, Fournier insiste: le cœur de la parole de Brel, à l’instar des bonbons et contrairement aux fleurs, demeure impérissable. «Des personnages comme Jef vont toujours trouver une résonnance chez les gens, parce qu’on a toujours un ami malheureux à qui il faut remonter le moral dans notre entourage. Ce sont des personnages qui ont toujours existé et qui vont toujours exister. Le message de Brel, même s’il nous a quittés il y a maintenant 35 ans, demeure intact.»

Et comment définiriez-vous ce message? «C’est un message d’amour.»