Quatuor Molinari / Musique de chambre de Sainte-Pétronille : Du nouveau sous le soleil
Le Quatuor Molinari commence sa 17e saison en donnant ses tout premiers concerts estivaux à vie. Il n’est jamais trop tard pour bien faire!
La saison dernière, le quatuor a fait connaître les lauréats de son cinquième Concours international de composition et organisé une série pancanadienne d’événements autour de la seconde école de Vienne (qui a culminé avec l’interprétation en deux concerts-marathons des treize quatuors de Berg, Schoenberg et Webern, avec l’assistance du Quatuor Lafayette de Victoria); le quatuor a aussi continué à nourrir la relation privilégiée qu’il entretient avec le compositeur R. Murray Schafer en créant son Quatuor no 12 en mai dernier.
Le Quatuor Molinari faisait paraître en 2000 chez Atma les sept premiers quatuors de Schafer, et leur collaboration se poursuit toujours, comme le montre bien l’enregistrement, également chez Atma, des quatuors 8 à 12, paru en début d’année. Parlant du dernier quatuor, commandé pour le Molinari, le premier violon Olga Ranzenhofer commente: «C’est une œuvre superbe, dans laquelle on retrouve les rythmes accrocheurs de Schafer, mais qui est caractérisée par la mise bout à bout d’un grand nombre de petites sections disparates reliées entre elles par des transitions qui se font tout naturellement. C’est très beau.» L’ensemble montréalais est devenu au fil des ans un important ambassadeur de la musique du compositeur canadien: «Il vient tout juste d’avoir 80 ans, en juillet dernier, alors on va célébrer ça durant l’année en jouant très souvent sa musique; nous sommes d’ailleurs invités à Grenoble pour un événement autour de son œuvre.»
Schafer est au programme du concert que donnera le Molinari à l’église Sainte-Pétronille-de-l’Île-d’Orléans ce 15 août, comme l’est aussi un autre favori de l’ensemble: le compositeur russe Dmitri Chostakovitch. Olga Ranzenhofer explique: «Nous montons tous ses quatuors depuis quelques années, en vue de souligner le 40e anniversaire de sa disparition en 2015 par une intégrale de ses 15 quatuors. On avait caressé l’idée de faire ce programme en un seul concert, mais c’est tellement intense psychologiquement que l’on prend le public en pitié! On en fera un événement sur plusieurs jours. Cette fois-ci, nous faisons le quatrième, que nous jouerons aussi en Chine à l’automne. Il est un de ceux qui s’écoutent bien dans le cadre d’un concert d’été.»
Il est étonnant en effet de constater qu’à son âge, et avec la réputation qui est la sienne, le Quatuor Molinari donne cette année ses tout premiers concerts d’été… «La musique contemporaine fait un peu peur aux gens, explique la violoniste, même si nous avons à notre répertoire des œuvres tout à fait accessibles, dont Schafer est d’ailleurs un bon exemple. C’est un peu pour adoucir cette impression que l’on ajoute le Quatuor en sol mineur de Debussy, qui date de 1893, mais qui est néanmoins très moderne.» L’équipe du quatuor est la même depuis 2007 et la cohésion de l’ensemble a tout ce qu’il faut pour souffler un peu d’air frais dans la programmation de la 30e saison de musique de chambre à Sainte-Pétronille.