Klô Pelgag : Belle atypique
Musique

Klô Pelgag : Belle atypique

Promise au succès par sa rafraîchissante personnalité et son talent indéniable pour l’assemblage des mots, Klô Pelgag révèle L’alchimie des monstres et débarque comme une tonne de briques colorées à la craie de rue dans la cour des endisqués. 

Elle a toute l’excentricité du jeune Leloup, la propension des Trois Accords pour les réponses totalement absurdes. Une sorte d’envie de déstabiliser, que seuls les plus doués peuvent se permettre lors des rencontres avec la presse. Les entrevues sont pour elle des exercices de création, une facette de plus à son art. Comme ses interventions entre les chansons et ses blagues décalées et inventées sur le fly qui ne sont pas sans rappeler les prouesses des meilleurs improvisateurs des ligues scolaires. Difficile de savoir ce qu’elle pense réellement, impossible de la cerner: Klô Pelgag se joue des perceptions et entretient un flou artistique sur sa personne.

Mais pour la chanteuse de 23 ans, l’humour c’est aussi une façon de camoufler sa timidité grimpante. «J’ai pleuré de stress à RIDEAU cet hiver parce que mon gérant n’arrêtait pas de me rappeler combien c’était important ce showcase-là. Je suis allée acheter des légumes, et là, ça m’a relaxée. J’avais mon auto téléguidée et j’ai accroché un ananas dessus et j’ai trouvé un genre de mannequin dans les loges et je l’ai décoré avec des poivrons et des céleris. Je me suis fait un petit set-up. Organiser des trucs sans signification, ça me détend parce que ça me fait rire.» 

Liberté, je crie ton nom partout

Mixant chanson pop et musique de chambre avec l’attitude décomplexée de l’autodidacte, la Bas-Laurentienne d’origine s’impose comme une candidate sérieuse au prix Révélation de l’année du gala 2014 de l’ADISQ tant son style est unique.

Se tenant loin du style hipster et post-Pinterest des autres musiciens dans la vingtaine, Klô Pelgag s’amuse avec son image avec le plaisir d’une enfant, sans jamais se soucier de son coefficient de coolitude. Sa marque de commerce, c’est les accessoires incongrus comme les casques de moto et le sac à dos orange qu’elle traîne même sur scène. Indépendante jusque dans ses choix de costumes, la singulière chanteuse-pianiste résiste à toute forme d’édulcoration de son personnage qu’on imagine longuement étudié. Un désir plein de libertés artistiques qui explique son association avec la très indie maison de disque de Karim Ouellet (Abuzive Musik) pour son premier album complet intitulé L’alchimie des monstres, succédant au EP chaudement accueilli au printemps 2012. Une attention médiatique non étrangère à sa réputation déjà enviable résulte des nombreux concours qu’elle a gagnés, dont le prestigieux Prix Miroir Célébration de la langue française du Festival d’été de Québec en juillet 2012, un honneur qui était pour la première fois remis à une femme.

Questionnée sur ses influences musicales, Klô Pelgag s’empressera de répondre qu’elle se base sur le modèle du rock progressif pour ériger la charpente de ses chansons. Mais c’est surtout l’imaginaire débridé de son amoureux et aussi musicien et littéraire VioleTT Pi qui la nourrit. «Boris Vian, Claude Gauvreau, Denis Vanier et Amélie Nothomb sont parmi mes auteurs préférés. Je n’écoute pas tellement de musique en ce moment. Je n’en ressens pas le besoin.»

L’alchimie des monstres

(Abuzive Muzik)

Dès le 24 septembre