Billy Talent : Punk pour tous
Pour Ian D’Sa, l’esprit du punk rock n’est pas soluble dans les foules immenses que réunit depuis dix ans son groupe Billy Talent.
Ian D’Sa, guitariste de Billy Talent, est en neuvième année lorsqu’un ami lui file un mixtape de punk rock, sur lequel gueulent entre autres les iconoclastes canadiens de Dayglo Abortions, ainsi que les Ramones. Choc frontal: «Je suis tout de suite allé acheter tous les premiers albums des Ramones. La seule chose que j’avais entendue qui ressemblait à ça avant, c’était You Really Got Me des Kinks.»
La formation ontarienne menée par le toujours criard Benjamin Kowalewicz figure depuis maintenant dix ans pour des foules costaudes un post-hardcore light, invitant le punk dans l’enceinte du rock grand public, celle-là même sur laquelle Johnny Rotten et autres petits baveux crachaient une insolente glaire au mitan des années 1970. Peut-on demeurer punk tout en visant le grand public? «Oui, je crois que nous sommes encore aujourd’hui fidèles aux idéaux punk, mais nous avons toujours préconisé la manière positive», plaide l’homme à la coiffe défiant la gravité. «Je n’ai jamais été fan des groupes de punk pessimistes ou anarchistes. J’ai toujours préféré The Clash ou Bad Religion, qui écrivaient des chansons pour attirer l’attention sur des questions sociales. C’est plus productif à mes yeux que d’être constamment négatifs. Et puis tout peut être punk rock, suffit de vouloir questionner la société en général, et l’autorité en particulier. Rage Against the Machine, qui nous a beaucoup influencé, était punk rock, quoi qu’on en dise. Ce qu’a fait Russell Brand cette semaine, c’est très punk rock.» Au moment de l’entretien, le populaire humoriste anglais venait tout juste d’être mis à la porte d’un gala du magazine GQ commandité par Hugo Boss après avoir osé prononcer des blagues au sujet du passé nazi du regretté designer allemand.
Afin de commémorer le dixième anniversaire de son album homonyme inaugural, album qui le propulsait en 2005 sur la grande scène des plaines d’Abraham pour la première de trois présences (les suivantes: 2007 et 2010), Billy Talent revisitera intégralement ce qui demeure son magnum opus lors des deux arrêts à l’Impérial du BT1 Turns 10 Tour. «Notre relation privilégiée avec Québec date de l’époque où nous venions, adolescents, pendant les vacances d’été faire le party ici, explique D’Sa. Le spectacle des plaines de 2007 est à ce jour un de nos spectacles extérieurs favoris. Il pleuvait sans bon sens et nos fans s’en foutaient complètement.»