Solids : Retour vers le présent
Avec Blame Confusion, le premier album du combo montréalais Solids développe sa palette – et son époque – sonore.
Alors que bon nombre de jeunes premiers se rongeraient les doigts jusqu’aux jointures à l’approche du dévoilement de leur premier disque, les gars de Solids, eux, entretiennent leur manucure. «Nous sommes confiants», fait valoir le guitariste et chanteur Xavier Germain-Poitras. Non pas par insouciance ou fanfaronnade, mais parce que le duo rock a créé, puis rodé à outrance, l’essentiel de ce brûlot sur la route. «Il y a certaines pièces sur Blame Confusion qu’on a composées comme on l’a toujours fait: les jouer live afin de les transposer plus facilement sur tape par la suite. Puis, il y en a d’autres qu’on a tout d’abord composées et sur lesquelles on a ajouté d’autres textures par la suite. Ce qui fait en sorte que nous ne sommes pas encore sûrs de comment interpréter quelques pièces sur scène… non pas parce qu’elles nous incommodent, mais parce qu’on n’a pas encore jammé dessus en prévision du lancement!»
Autres mœurs, autre époque
La formation a fait un premier «bip» sur les radars locaux avec Generic Dogs, un maxi surprenant. Premier exercice pour les compères qui désiraient tout simplement «capter [leurs] cinq premières tounes composées le plus vite possible pour que le monde puisse les écouter», le EP a surtout étonné par la force de frappe du duo. «Lorsqu’on a commencé à jammer, on s’est dit que l’on composerait des tounes à deux en attendant de trouver un bassiste. Ce qu’on a finalement trouvé, en attendant, c’est une pédale qui sépare le signal dans un ampli de basse et de guitare», explique Germain-Poitras avant de faire valoir qu’un intérêt marqué pour la tournée joue aussi un rôle déterminant dans ce modus operandi. On voulait également que le band demeure le plus mobile possible, alors à deux, c’est pas mal l’idéal pour l’instant! On n’écarte pas l’idée, par contre. Nous ne sommes pas des puristes des groupes à deux personnes. Si une autre personne doit s’ajouter, elle s’ajoutera, mais on aime bien la formule actuelle.»
Ce qui nous mène à Blame Confusion, une œuvre produite en compagnie d’Adrian Popovich, qui, tout comme Germain-Poitras et le batteur Louis Guillemette, opte pour une vision artistique allant au-delà du terroir. «On aimait bien ses productions passées qui sonnent plus… worldwide», confie le guitariste, se rappelant ses premières rencontres avec le réalisateur d’expérience (Sam Roberts, The Dears, Tricky Woo, etc.) en vue de la collaboration à venir sur Blame Confusion. «Il n’a pas peur d’aller dans des productions plus brutes que ce qu’on peut entendre habituellement ici; sur les radios québécoises, disons…»
Si moult critiques du Québec et d’ailleurs associent autant Solids au rock qu’au punk en passant par le grunge, la plupart lient toutefois son corpus à une époque précise: les années 1990. Germain-Poitras espère, justement, que Blame Confusion sortira son projet de ce carcan sans répudier ses ascendants. «Ça n’a jamais été notre objectif, de sonner 90s, mais oui, ça transpire dans notre musique. On distingue les influences assez bien!», lance-t-il dans un éclat de rire. Puis, une pause, et il reprend son sérieux. «Au début, ces rapprochements étaient le fun, car nous sommes des fans de cette décennie, mais ce n’était pas une direction réfléchie. On ne s’est pas dit: « On va jouer que des beats des années 1990! » Le défi avec Blame Confusion, c’est de mettre ça dans le « aujourd’hui », de ne pas faire dans le pastiche ou de répliquer le mix d’un album des années 1990.»
Blame Confusion
(Indépendant)