Coeur de Pirate et Champion : «Roll Over Beethoven»!
Coeur de pirate et Champion reviennent sur leurs collaborations avec des orchestres classiques.
Jointe le lendemain de sa dernière représentation en compagnie de l’Orchestre symphonique de Montréal, Béatrice «Coeur de pirate» Martin se disait autant ravie par les concerts que par les préparatifs autour. «C’est beaucoup de travail et de nouveau en même temps!», souffle-t-elle. Lorsqu’on l’interroge sur les motivations poussant des musiciens pop, rock ou électro à tenter l’aventure classique (est-ce pour faire connaître son œuvre à un nouveau public? Un désir de s’affirmer en tant qu’artiste confirmée par une telle collaboration?), la chanteuse et pianiste de formation ne bronche pas. «Je ne sais pas si je pourrais dire que je suis une artiste avec un grand A – je suis une chanteuse qui joue du piano! –, mais j’avais quand même envie de relever ce défi et c’était aussi tout un honneur d’être là, d’entendre mes chansons arrangées par Simon Leclerc, de se retrouver là avec un orchestre de 80 personnes qui ont fait ça toute leur vie. Je me sentais perdue, mais quand même à ma place. C’était assez surréel!»
Ainsi, le cliché voulant que la planète classique soit «coincée» ou «tirée à quatre épingles» n’aura pas affecté la blonde chanteuse. «Je savais déjà un peu c’était quoi, car ma mère est là-dedans depuis toujours et j’ai été au Conservatoire. C’est sûr que c’est plus « lousse » du côté de la pop, mais ça demeure beaucoup de travail des deux côtés… et c’est sûr qu’on n’aurait pas tenté de rappel improvisé avec l’OSM!» Puis, histoire d’alimenter le débat faisant rage depuis le début de l’année, est-ce que Coeur de pirate pense que des mariages de la sorte dénaturent davantage le classique qu’il le démocratise? «Je ne saurais répondre. Je ne suis pas puriste, justement.» Et vlan.
Maxime «Champion» Morin – qui a autant collaboré avec l’OSM que l’Orchestre symphonique de Québec, prendra donc le relais… à sa façon. «Être puriste, c’est vivre une dérive intellectuelle. C’est un faux idéal. La plupart des artistes qu’on a consacrés comme étant des génies étaient, justement, des personnes qui – comme diraient les Anglais – pensaient outside of the box.» Bien que la musique classique ne soit pas que l’apanage des puristes, Champion croit que leur emprise est telle sur l’institution qu’elle en vient à nuire au genre ainsi qu’à sa promotion, voire à son économie.
«Je trouve ça dommage, car ça tient aussi la musique classique dans son carcan, autant en jouant de vieilles œuvres qu’en interprétant des nouvelles qui sont tellement abstraites qu’elles ne touchent qu’un public d’habitués, du monde de Montréal qui a un doctorat en composition, par exemple! Ces œuvres-là demeurent nécessaires, bien sûr, mais le carcan fait aussi en sorte que des orchestres font banqueroute», lance-t-il en faisant référence à la faillite du New York City Opera. «Selon moi, les grands amateurs ne sont plus si jeunes et le milieu des affaires – qui supporte beaucoup la musique classique – est maintenant plus démocratisé qu’avant. Les jeunes gens d’affaires sont plus ouverts. On pourrait autant les voir à un récital classique qu’à un de mes shows! C’est un milieu qui s’est rapproché du monde, et donc de la musique populaire.»