Pierre Lapointe : Son show rose bonbon
Musique

Pierre Lapointe : Son show rose bonbon

Les clips de MGMT, c’est de la petite bière. Intestin gonflable, hambourgeois-danseur, tapisseries mi-kitsch mi-geek… L’univers visuel déluré du dernier Pierre Lapointe se transpose sur scène comme dans un wet dream d’artiste contemporain.

«Punkt, c’est une marque de commerce. C’est à la suite de la réflexion que j’ai eue sur la culture pop. Est-ce qu’un chanteur comme moi peut s’associer à des couleurs et des trucs extrêmement éclatés comme ce qu’on a pu voir chez des artistes comme Beck ou Björk? La réponse est oui.»

L’alliée suprême de Pierre Lapointe cette fois encore? La scénographe Geneviève Lizotte qui signe le décor pour la tournée en cours. Une amie rencontrée alors qu’il était apprenti comédien à Saint-Hyacinthe et qui s’ajoute à la longue liste de créateurs qui ont mis leur grain de sel dans Punkt, dont fait également partie le designer Rad Hourani, le premier Canadien à être accepté dans le cercle très sélect de la haute couture parisienne. «Chaque fois que je fais un projet, tu grattes un peu et tu tombes sur une espèce de famille artistique très pointue, mais que j’intègre doucement à la culture populaire. Les gens mangent de l’avant-garde sans s’en rendre compte en consommant du Pierre Lapointe. C’est ça mon but ultime.»

Lui-même locataire – ou propriétaire, peu importe – d’un appartement über coloré, Pierre Lapointe avoue ne pas se prendre au sérieux du tout dans ce show-là. «Quand j’ai sorti Punkt, mes amis très, très proches qui me connaissent depuis tout le temps m’ont dit "pour la première fois, on a l’impression qu’on est chez toi et qu’on est en train de pouffer de rire".» Cette nouvelle façon d’aborder la sexualité avec beaucoup d’humour, de franchise et d’aplomb, il l’a toujours eue dans l’intimité. Sa connerie de tous les jours, il vous le dira, s’est finalement inscrite dans l’ADN de son personnage public. «C’est probablement la fois que c’est le plus vrai depuis le début. Y’a comme une symbiose naturelle qui s’est faite entre ma vie personnelle et ma carrière.»

Tout sauf seul au piano

«Refaire cet album-là sur scène c’est pratiquement impossible. On l’a fait une fois pis y’avait 45 musiciens sur scène. Ce qui est un gouffre financier en tournée, on va se le dire.» La solution? Pierre Lapointe s’offre donc au public en formule quintette.

Et ce qu’il faut savoir, c’est qu’il a changé l’entièreté de son band. Une bouffée de fraîcheur qui donne des ailes à cet artiste qu’on sait heureux en gang, nourri de l’expertise des autres tant pour l’aspect visuel que musical de son art. Et cette fois, il s’abreuve à même l’expertise et l’énergie de Félix Dyotte (Chinatown), Francis Mineau (Malajube, Oothèque), Amélie Mandeville (Creature) et Denis Faucher. Tous des créateurs à part entière avec qui il s’est enfermé en studio de répét’ pour définir le son de Punkt en spectacle.

Que recherche-t-il chez ses musiciens? La réponse est simple et il vous la donnera du tac au tac: le chouchou des critiques ne jure que par des collaborateurs avec de fortes personnalités. «Ce que les gens savent pas, c’est que j’ai pas d’égo. […] Je m’entoure pas de gens qui m’applaudissent sans raison. Je m’entoure de gens qui sont capables de dire ce qu’ils ressentent. Ça fait que lorsqu’ils me disent "Ihh! pas certain", je les écoute.»