Sans Pression : Haute pression
Sans Pression donne un dernier tour de piste avant de passer à un autre réseau.
La sortie de son premier album en 1999 a propulsé Sans Pression au sommet des palmarès, faisant de ce jeune rappeur d’origine congolaise la figure de proue du hip-hop québécois en compagnie d’Yvon Krevé. 514-50 Dans mon réseau s’est écoulé à plus de 30 000 exemplaires, du jamais vu pour ce genre de musique au Québec. Suivirent Réplique aux offusqués en 2003, album qui connut aussi un bon succès, puis La tendance se maintient cinq ans plus tard. Déjà, on sentait que SP, de son vrai nom Kamenga Mbikay, se distanciait de son personnage, mais continuait tout de même de l’assumer.
De retour avec Vagabond ma religion, SP veut, avec ce quatrième album, clore définitivement le chapitre Sans Pression. «Ce sera mon dernier disque sous le nom de Sans Pression. J’ai besoin de me réinventer. Sans Pression ça me représente encore, mais ce n’est plus 100% moi. C’est trop dur à porter. Ça ne veut pas dire que je vais arrêter de faire de la musique, ça veut simplement dire que j’ai fait ce que j’avais à faire avec Sans Pression», explique, convaincu, le chanteur qui souligne toutefois qu’il ne laissera pas tomber le rap pour autant puisqu’il travaille en ce moment sur un nouvel effort de son projet 13e étage avec son complice Cobna, d’ailleurs très présent sur Vagabond ma religion.
100 de pression
De la pression il y en a eu beaucoup à partir du moment où SP s’est lancé dans le projet d’un quatrième album. «Y’a quatre ou cinq fois où je me suis vraiment découragé. Aïe aïe aïe… c’était lourd! Et comme tu ne veux pas décevoir, tu veux toujours te surpasser. Ce n’est pas évident. On est une petite équipe et on a travaillé comme des fous. C’est certainement mon disque le plus mature. Le plus spirituel aussi. Peut-être le plus engagé même. Y’a des chansons sur l’alcool au volant, sur la prostitution juvénile, sur les personnes âgées, sur la corruption, sur l’intimidation… Des fois je me dis que c’est trop, mais en même temps c’est ça la réalité!», détaille le volubile rappeur. Quand SP part, passionné par un sujet, il est difficile à arrêter. «Vagabond ma religion, ça a toujours été mon slogan, poursuit-il. Ma famille, mes oncles, mes tantes, ils me disaient tous “Ah toi tu n’es qu’un vagabond, tu ne vas jamais aller nulle part dans ta vie”… Mais pour moi, vagabond ça se traduit par “survit, la lumière est au bout du tunnel ».»
Hip-hop 2.0
Actif dans le milieu hip-hop depuis 1997, SP a un regard bien aiguisé sur l’actuelle scène locale: «La scène hip-hop évolue très bien malgré la crise. Je dirais que les artistes d’aujourd’hui ont plus de facilité à créer leur musique, mais il y a aussi plus de produits qui ne sont pas à la hauteur. Je pense que bien des artistes ne prennent pas assez leur temps avant de lancer quelque chose. Ils sortent un disque qu’ils ont enregistré dans leur garde-robe pour 1500$, mais ils n’ont jamais donné de show! Ce n’est pas normal… Si je devais lancer une carrière dans le rap aujourd’hui avec le style que j’ai et dans les conditions actuelles de l’industrie du disque, je pense que je laisserais faire. Quand je regarde la scène aujourd’hui, je me dis que je suis chanceux d’avoir commencé à une autre époque. C’est complètement saturé. T’as du mal à suivre. Y’a un nouveau groupe qui apparaît tous les jours!»
SP a aussi quelques conseils: «Aujourd’hui plus que jamais, faut que tu sois vraiment chill avec tes fans. Faut que tu sois toujours disponible pour eux. Là, ils vont avoir du respect pour toi et ils achèteront plutôt ton disque au lieu de le télécharger. C’est ce que je dis aux jeunes qui débutent. Je leur dit “yo, si t’as une tête enflée, oublie ça, tes fans vont pas acheter ton disque, ils vont le télécharger gratuit.»
Lancement le 5 novembre aux Katacombes.