Montréal $ud : La renaissance de Dead Obies
Les Dead Obies semblent attirer naturellement la controverse.
Il y a eu les Francouvertes, où plusieurs ont vu dans leur deuxième place la manifestation d’un plafond de verre qui existe toujours pour le rap au Québec. Ensuite, leur glorification d’un français croisé avec des gènes jamaïcains, créoles et anglais leur a valu les rebuffades des orthodoxes de l’identité québécoise. «On a get du heat parce qu’on métissait. Pas parce qu’on chantait en anglais, puisqu’on n’est pas les premiers à le faire: va t’attaquer à Simple Plan, à Céline Dion, pas au busboy», résume Yes McCan, qui ne semble pas encore trop tanné d’élaborer sur la question.
Puis, tout récemment, c’est une partie de la communauté rap qui leur est tombée dessus à la sortie de la vidéo de Montréal $ud, les accusant (paradoxalement) d’être trop «différent» tout en empruntant des éléments à d’autres. «Ç’a m’a surpris que des gens de l’industrie, des artistes du rap québécois, postent notre vidéo et talk shit. Tu nous as jamais vu rire publiquement de quiconque, même si y’a plein de monde qu’on trouve quétaine. Au moins, ça valide que les gens avec qui je suis en profond désaccord le sont aussi avec moi. That makes us relevant.».
Mais les critiques n’ont pas tout faux: il y a bien eu une transition depuis Collation vol. 1, leur première compilation parue l’an dernier, McCan le reconnaît candidement. «Le premier truc, c’est qu’on est passé d’un collectif à un groupe. Concrètement, ça veut dire qu’il a fallu repenser la structure de la chanson rap, parce qu’on est cinq et on ne veut pas se ramasser avec juste des tounes de sept minutes. On s’est assis, on s’est échangé des livres, des disques, des films. On n’est pas parti avec l’idée de rassembler les meilleures chansons qu’on pouvait, on voulait avant tout raconter une histoire». Cette démarche fait écho à un retour en force de «l’album» dans le rap, notamment avec les parutions primées de Kendrick Lamar, Drake et Kanye West.
Montréal $ud, l’album, est donc un narratif en trois parties, livré de manière volontairement cryptique, le groupe refusant une approche frontale des sujets, un trait qu’ils partagent avec d’autres tenants de ce post-rap, post-Loi 101. «L’album part avec une manif’, avec des jeunes, pendant qu’il y a du monde pogné dans le trafic sur le pont. On est dans le consumérisme, la machine, jusqu’à Dead Obies Express, qui est la fuite et notre moyen de transport vers Montréal. Ensuite, c’est l’hédonisme, les illusions, le party, les pills, le YOLO part. Puis le débuzz, avec Friday Night, Love Song puis Do Or Die, où tu dois remettre en question les traditions qui ne te font pas. Finalement, la renaissance, qui mène ultimement à Tony Hawk, où on est qui on est et où on n’est pas gêné de dire « Fuck You! » et de sampler du punk.»
Disponible en téléchargement le 12 novembre, et lancement gratuit au Cabaret du Mile End le lendemain, le 13.