Le documentaire Je suis dans un band : L'intérieur vu de l'extérieur
Musique

Le documentaire Je suis dans un band : L’intérieur vu de l’extérieur

Je suis dans un band est un documentaire sur la fameuse scène musicale montréalaise qui propose des portraits intimistes d’artistes locaux. Le réalisateur monégasque Thomas Griffin raconte son expérience montréalaise. 

Curieusement, ce n’est pas en arpentant les salles de spectacle glauques de la métropole que Thomas Griffin a été inspiré par les sons de chez nous, mais bien en zieutant les étagères de sa chambre. «Pendant plusieurs années, deux scènes musicales se battaient pour le titre du plus grand nombre d’albums: l’Islande et Montréal.» Lors de son Master 1, le cinéaste en devenir signait un mémoire sur la scène musicale islandaise qui allait ensuite servir de canevas pour son film I’m in a Band.

C’est un stage à Montréal en 2009 qui permettra finalement à Griffin d’«exploser [s]on record de concerts vus en quatre mois et de bières achetées à la Casa del Popolo.» Trois ans plus tard, le réalisateur était de retour en ville. «J’avais là aussi envie d’approfondir la scène et de mettre en image des bands que j’aimais bien.»

Le hasard faisant bien les choses, Je suis dans un band complète admirablement From Montreal et Montreal Underground – deux autres documentaires gravitant autour de la même effervescence parus au cours des derniers mois – en faisant fi du plan large pour se concentrer plutôt sur le quotidien de trois artistes: Xarah Dion (Les momies de Palerme), Jean-Michel Pigeon (Monogrenade) et Benoit Poirier (Jesuslesfilles), des troubadours dont il aimait la musique en plus de considérer leur apport à la scène locale. «Lors du repérage, je les ai rencontrés en personne ce qui m’a permis de développer le concept du film et de sympathiser avec eux. Avoir des gars qu’on de connaît pas qui vous suivent avec une caméra et un micro, dans une répétition ou chez vous et qui vous font parler de choses personnelles, c’est déstabilisant et ça crée un malaise qui se ressent à l’image. C’est pourquoi je tenais à faire connaissance avant.» Ainsi, par Dion, par exemple, on explorera son parcours, mais aussi la Casa del Popolo et l’étiquette Constellation; deux épicentres de l’effervescence musicale montréalaise. «Je voulais aussi comprendre comment ils jonglent entre plusieurs activités artistiques, leurs manières de réfléchir leurs arts», fait valoir Thomas au passage.

Encore une fois: le hasard fera aussi en sorte que le film paraît alors que Bande à part et la Brique, un média et un lieu de diffusion fort appréciés de la scène locale et longuement abordés dans Je suis dans un band, ont mordu la poussière. «Les cultures indépendantes et undergrounds ont toujours eu du mal à survivre, car la « gentrification » de la ville ne favorise pas son développement; le public est de niche et les événements ne sont guère rentables», note Thomas avant de conclure que «nous avons la scène locale que l’on mérite. Il faut quelques personnes ultra-motivées pour faire vivre des lieux de manière indépendante ou, encore, avoir une municipalité de son côté pour laisser des espaces à la création, mais ça, ça relève du politique.»

Première canadienne de Je suis dans un band le 24 novembre à la Sala Rossa. La projection sera accompagnée de prestations acoustiques de Monogrenade ainsi que d’un projet réunissant Xarah Dion et Benoit Poirier. Détails ici.