Gojira: l'armée de terre
Musique

Gojira: l’armée de terre

Fer de lance du métal français, la formation Gojira s’amène en ville en compagnie du diabolique poids lourd Slayer, mais pas question de vouer un culte au malin pour autant. Discussion d’un autre type avec le chanteur et guitariste Joseph Duplantier.

 

Des bouts de viande

Depuis sa formation en 1996, Gojira (complété par le batteur Mario Duplantier – le frère de l’autre –  le le guitariste Christian Andreu et le bassiste Jean-Michel Labadie) a gravi les échelons jusqu’au sommet de la musique hurlante (outre Slayer, le groupe compte des tournées avec des bêtes à cornes telles que Metallica et Behemoth). Un succès que Gojira a cependant obtenu en détonant de la plupart de ses pairs. Oublions Satan et autres thèmes consacrés de la musique lourde qui font pleurer le petit Jésus, les paroles de Duplantier s’inspirent notamment de l’environnement et même de l’hindouisme. Il n’y a toutefois aucune guerre sainte à l’horizon. «On ne part pas en croisade. En tournée, aucun groupe n’impose ses idées aux autres… C’est une vie difficile, on est tous dans la même galère et on vit les mêmes choses. Les idéaux foutent un peu le camp dans ces conditions…On se sent déracinés, comme des bouts de viande entassés dans un bus. Slayer se donne une image démoniaque sur scène, mais les gars sont comme tout le monde dans la vie.»

 

Au fond, qu’on soit plus du genre à offrir une chève en sacrifice au diable ou à faire un câlin à ladite biquette, l’important demeure la musique. « Notre musique a plusieurs similitudes avec celle de Slayer. C’est brut et dans ta gueule. C’est pour ça que la réaction du public de Slayer face à nous est excellente!»

 

La dilemme de la cabane

L’un des thèmes qui fascine Duplantier est le rapport entre l’humain et la nature. C’est d’ailleurs le coeur du cinquième et dernier album du groupe, L’enfant sauvage, paru l’an dernier. Or, Duplantier est à mille lieux d’un mode de vie de chasseur-cueilleur. Installé à New York depuis 2 ans, l’artiste passe son temps avec sa bande dans les plus grandes villes du monde. «On pourrait vivre dans une cabane dans la nature, mais on a choisi de dédier nos vies à la musique et d’en vivre, donc d’intégrer la société jusqu’à un certain point… C’est extrêmement difficile comme choix.»

 

Pris entre le béton et l’écorce, Duplantier garde cependant la tête froide et se concentre sur l’art. «On mène des vies dingues et marginales, mais on est plus des gens créatifs que portés vers l’autodestruction ou la fête. Dans nos temps libres, on préfère composer, jouer de la musique, peindre…» (ndlr: le frangin Mario est d’ailleurs reconnu pour ses oeuvres réalisées sur des peaux de tambours).

 

Nomades, les gars de Gojira ne s’enlisent pas dans la routine et cette instabilité a des bons côtés. «On a souvent peu de repères et on sait jamais vraiment où on sera demain. Je crois que notre mode de vie nous rend plus courageux et téméraires.» C’est ce qui pousse à être attiré vers d’autres têtes dures, comme Paul Watson et la Sea Shepherd Conservation Society, que Gojira supporte. «C’est spontané d’aller vers des gens comme eux. Ces types vivent un peu comme nous et donnent tout pour leur passion, pour défendre la Terre. On les respecte beaucoup.»

 

Musiciens du monde

Il aura fallu 12 ans avant que Gojira ne sortent véritablement de la France et deviennent les bourreaux de tournée qu’on connait. Une période durant laquelle le groupe se faisait reprocher de chanter uniquement en anglais. «On se faisait dire qu’on devait chanter en français si on voulait percer en France, mais on voyait le tout à une autre échelle. On ne chante pas sur les problèmes de la France, mais sur ceux de la Terre, sur des problématiques internationales. On se considère avant tout comme humain, pas Français.» Et l’Homme est si près de la bête…

 

 

Samedi 23 novembre

Cepsum de l’Université de Montréal

 

Dimanche 24 novembre

Pavillon de la jeunesse de Québec