Émile Proulx-Cloutier : Chante-moi ton cinéma
Musique

Émile Proulx-Cloutier : Chante-moi ton cinéma

Le comédien Émile Proulx-Cloutier lance son premier album de chansons, un disque où les mots se bousculent pour donner forme à des histoires étonnantes. Rencontre avec un créateur bouillonnant et articulé.

Les marathons d’entrevues inhérents aux campagnes promotionnelles, Émile Proulx-Cloutier en a l’habitude. Comédien au cinéma, au théâtre et au petit écran (Toute la vérité, Les hauts et les bas de Sophie Paquin), il a réalisé et scénarisé quelques courts métrages et documentaires, mais cette fois, à l’aube d’une tournée médiatique portant sur son projet le plus personnel en carrière, l’enfant de la balle porte le chapeau d’auteur-compositeur-interprète. À moins que ce ne soit celui de scénariste/réalisateur; la frontière est floue tant les chansons de son premier disque, Aimer les monstres, s’appuient sur une trame narrative forte et habilement construite.

«J’ai toujours écrit des poèmes, des histoires et des scénarios», explique le chanteur qui signe des textes aussi raffinés qu’imagés. «Mais j’ai récemment compris que la chanson pouvait me permettre d’écrire des petits films de quatre minutes projetés dans la tête des gens, et ce, sans aucune contrainte budgétaire. À partir de là, je savais que je voulais plonger sans censure dans des rôles qu’on ne me donne pas à titre d’acteur: une vieille dame (Le tambour de la dernière chance), un ado (Aimer les monstres), un insecte (Le grillon et la luciole), un paysan (Les mains d’Auguste), un fou furieux dans son char (Votre cochon se couche).»

Le déclic se fait en 2009. Émile Proulx-Cloutier brille alors sur les planches du Rideau Vert, où il interprète un jeune pianiste prodige dans Une musique inquiétante. Il a bien appris les rudiments de l’instrument alors qu’il avait huit ou neuf ans, mais la remise en forme est nécessaire. «Je ne jouais pas souvent du piano dans la pièce, mais lorsque je le faisais, je devais avoir l’air vraiment bon. Je me suis alors remis au piano de manière plus sérieuse, et parallèlement, je jouais au Quat’Sous dans un spectacle de poésie (Dans les charbons). J’étais donc dans un tourbillon de création où les mots et la musique fusionnaient. J’ai commencé à composer.»

Les résultats ne se font pas attendre. En 2011, le fils des comédiens Raymond Cloutier et Danielle Proulx rafle sept prix lors du Festival en chanson de Petite-Vallée. Le jury craque pour ses chansons à texte inscrites dans une certaine tradition québécoise. L’influence de Pierre Flynn est d’ailleurs palpable à l’écoute de la voix, des mélodies et du jeu de piano d’Émile.

«Je voulais que mes musiques soient d’abord au service des textes. Les effets sonores et les rythmes des pièces sont adaptés aux textes. Même qu’avec le réalisateur du disque (Philippe Brault), on a casté des pianos comme on caste des acteurs au cinéma. Pour les pièces plus flamboyantes, on a utilisé un grand piano à queue exceptionnel au son large et riche. Pour les chansons plus humbles, on a utilisé un piano droit au son plus simple. Et pour les chansons percutantes, c’était un piano droit abîmé et métallique au son très cassant.»

Chapeau d’auteur-compositeur-interprète ou de scénariste-réalisateur? Difficile de trancher. Peut-être faut-il cesser d’analyser et comprendre que l’artiste porte au fond le chapeau d’Émile Proulx-Cloutier, le plus personnel des couvre-chefs.

Émile Proulx-Cloutier

Aimer les monstres

(La Tribu)

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