Foxtrott: Ébullition imminente
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Foxtrott: Ébullition imminente

On la regarde aller depuis peu et on a l’impression que Marie-Hélène L. Delorme nous sacrerait une sale volée aux échecs. C’est que la multi-instrumentiste, qui produit sa musique et chante sous le nom de Foxtrott, joue ses pions comme une jeune Bobby Fischer depuis les balbutiements de son projet musical, il y a environ deux ans.

«J’ai un goût très défini pour les choses en général, a-t-elle admis le week-end dernier, en entrevue à quelques heures d’un concert à M pour Montréal. Je préfère les artistes qui sortent moins de trucs, mais des trucs significatifs et qui ont quelque chose à dire avec ça. J’admire ça chez les autres donc j’ai toujours voulu mener le projet Foxtrott ainsi. J’aime ça parce que, ayant de plus en plus de moyens et Foxtrott prenant de l’ampleur, c’est plus facile d’approcher les gens pour des collaborations.»

On pense dès lors à la très belle vidéo pour la pièce Colours qu’elle a fait en compagnie de Khoa Lê, ami de longue date et réalisateur de Bà nội, récemment primé aux RIDM et dont Marie-Hélène a co-signé la musique (tout est dans tout, comme on dit). On pense aussi aux trois pièces électro de l’excellent EP Shields, lancé en septembre 2012 et qui résonne toujours aussi souvent dans nos écouteurs.

Un an après Shields, l’appel d’un premier album complet se faisait entendre. Il a été enregistré cet été, mais une date de sortie n’est pas encore fixée. Avec ce buzz local plus que favorable et l’intérêt grandissant des journalistes à l’international (on a d’ailleurs rencontré Foxtrott après son entrevue avec un journaliste du magazine néerlandais OOR), est-elle consciente, comme nous, que Foxtrott est probablement à la veille d’exploser?

«C’est difficile de comprendre ce qui se passe quand t’es dedans parce que j’ai travaillé fucking fort. Tous. Les. Jours. Depuis un an, un an et demi. L’album m’a pris des mois à faire, à me lever à 7h tous les jours. Je ne me plains pas – y’a plein de gens qui travaillent fort – sauf que j’ai tellement le nez dans le travail que je ne m’assois pas pour me googler, là! Dernièrement, de voir qu’il y a une réponse et constater les belles portes qui s’ouvrent, j’en suis super contente.»

Comme de nombreux délégués internationaux, on a pu voir Foxtrott s’activer sur scène la semaine dernière pendant M pour Montréal. Pour le moment, le spectacle est simple: Marie-Hélène a ses beats préenregistrés, son clavier, ses bidules et quelques percussions et elle est accompagnée d’une seule musicienne, Erla Axelsdóttir au cor français, puisqu’«en ce moment, c’est plus important que mon spectacle se déplace facilement», précise-t-elle.

«J’adore le cor français. Ça faisait longtemps que je pensais à jouer avec des brass. Dans mes productions, j’utilise souvent des sons de synthétiseurs qui se rapprochent de ces fréquences-là. Je me disais que ce serait tellement cool live d’avoir quelque chose de chaud et de vrai. Quand on va voir un show électronique, tsé, on s’en fout de regarder un gars jouer des claviers. C’est plate!»

Pour la petite histoire, le déclic vers l’électro s’est fait à l’adolescence quand Marie-Hélène, d’une famille très classique, a commencé à fréquenter des soirées techno et observait du coin de l’oeil les DJ y aller avec leurs beats. «Un ami m’a donné un CD-ROM de programmes de musique. Ça m’a pris deux semaines avant de sortir un son parce que je ne connaissais personne qui faisait ça. Chaque soir, je mettais des écouteurs et je ne disais à personne ce que je faisais. Finalement, je faisais du drum n’ bass!»

«C’est ce que je trouve logique en y réfléchissant: j’ai vraiment commencé à faire de la musique en isolation. Je ne partageais pas ça avec personne. J’étais gênée, je me cachais et je faisais mes trucs. On dirait que ce projet-là est une suite logique de ça dans le sens que c’est la façon dont je connectais avec la musique. C’est un projet solo qui est resté dans l’intimité. Je ne m’assois pas en studio avec quelqu’un pour faire mes trucs, je ne serais pas capable. J’attends plutôt que mes tounes soient finies. On dirait que c’est imprégné dans mon cerveau cette relation super intime avec la musique.»

Ah, et une fois sortie de son isolation, Foxtrott a fait appel à qui pour mixer son premier album à venir? Damian Taylor, producteur de Björk. Pas pire.

Bobby Fischer, que je vous disais.

iamfoxtrott.com