Rentrée musique pop : Ligues majeures
Rentrée culturelle - Hiver 2014

Rentrée musique pop : Ligues majeures

Les salles officielles sont la consécration du musicien habitué de rouler ses fils. Résolument à l’affût de ce qui se passe sur la scène indépendante d’avant-garde, les programmateurs de Québec se font Indiana Jones de bijoux musicaux encore non déterrés aux yeux de la majorité. 

C’est de notoriété publique, la critique le sait depuis longtemps: Alexandre Désilets est l’un des plus solides auteurs-compositeurs-interprètes montréalais de sa génération. Il y a eu La garde, puis Escalader l’ivresse. C’était mélancolique, down tempo aussi. Puis arrive Renégat, un premier single laissant présager un nouvel album dans le registre d’Une version améliorée de la tristesse de Peter Peter. On reconnaît Alexandre, de par les textes intelligents, mais la mélodie trempée dans l’électro-pop est follement addictive. Assez pour qu’une radio comme CKOI embarque. Ça laisse présager de bien jolies choses pour Fancy Ghetto, disque garroché dans les bacs et les interwebs en date du 11 février prochain.

Alexandre Désilets

Jeudi 13 février à 20h

Théâtre Petit Champlain

 

Aura vintage, voix chaude, cuivres et piano servis en accompagnement. Si l’Américain Aloe Blacc a pavé le chemin vers la coolitude pour tous les héritiers du soul, force est d’admettre que le gospel – genre que s’est récemment approprié Yeah Yeah Yeahs avec son single Sacrilege – fait aussi très bonne figure dans les cercles indie par les temps qui courent. On assiste, timidement mais sûrement, à un anoblissement généralisé des courants musicaux associés depuis toujours à la culture afro-américaine, R&B et disco inclus. Parlez-en Daft Punk et Frank Ocean, stars incontestées de la blogosphère « pitchforkienne ».

 

À l’heure où les albums de Miles Davis se vendent comme des petits pains chauds à la très hip succursale locale d’Urban Outffiters, le jazz vocal connaît une deuxième jeunesse, propulsé par un public nostalgique d’une époque motown qu’il n’a jamais connue. Gregory Porter en est. Né en 1971, le poulain recruté au sein de l’écurie du mythique label Blue Note s’est reconverti à la chanson après l’avortement de sa vie sportive comme joueur de football professionnel. Et c’est tant mieux pour nous.


Gregory Porter

Vendredi 21 février à 20h

Palais Montcalm

 

Triste constat que d’en venir à écrire que l’album de Marcie est passé dans le beurre. Une injustice flagrante, compte tenu de sa fine plume, de ses ambiances musicales riches, de sa voix à la Barbara et de son statut de finaliste aux plus récentes Francouvertes. Qu’importe puisque Ouellet et Nevsky ont prouvé que le succès ne dépendait pas de la couverture médiatique du premier opus.

 

Entre chanson française et arrangements façon Simone Records, Marcie tricote un folk trempé dans les peines d’amour sans jamais verser dans les mièvreries ni se la jouer Lolita. Aucune comparaison possible, donc, avec Cœur de pirate ou Ingrid St-Pierre. L’auteure-compositrice-interprète est dans une catégorie résolument à part et n’a que faire des modes qui configurent l’industrie musicale provinciale. C’est pas mêlant: on la croirait tout droit sortie d’une autre époque.

 

Marcie

(en double plateau avec Benoît Paradis Trio)

Vendredi 21 février à 20h

L’Anglicane

 

Il a un parcours atypique, celui des éternels indécis, des touche-à-tout hyperactifs. Émile Proulx-Cloutier est comédien à la télé et au cinéma, et est une figure connue des madames qui (autrement) ne s’intéresseraient peut-être pas à sa musique, cousine germaine de celle de Mes Aïeux.

 

Faut l’admettre: Aimer les monstres gagnerait à être mis dans les lecteurs CD de son public cible, des mélomanes non abonnés aux téléromans qui mettent du beurre sur les toasts de l’artiste le reste de l’année.

 

Émile Proulx-Cloutier

Mardi 8 avril à 20h

Grand Théâtre de Québec

 

 

Mention spéciale à Patrick Norman qui vit une deuxième jeunesse, récoltant en quelque sorte les fruits semés par Paul Daraîche qui, poussé par une grosse machine, a su dépoussiérer l’image vieillissante et kitsch du country québécois. En 2014, rendre publique son affection pour Norman est de bon goût. Tellement que Stéphanie Boulay et Alex Nevsky l’ont fait, par la bande, en téléversant leur relecture virale de Souvenirs d’un vieillard, texte de la Bonne Chanson qui avait au préalable été popularisé par l’iconique chanteur au bandana.

 

De passage à Québec, il viendra présenter les chansons de son (tenez-vous bien) 28e album en carrière. Qui d’autre que Martel, Louvain, Daraîche et L’Amour peut se vanter d’avoir été aussi productif?

 

Patrick Norman

Samedi 15 février à 20h

Capitole de Québec