Igloofest 2014 : Du bonbon dans notre hiver
Igloofest reprend du service cette semaine. Entrevue avec Michel Quintal qui nous parle d’électro, de bodysurfing en one-piece et d’une soirée marquante en 2012.
Ça fait maintenant huit ans qu’Igloofest nous propose de danser en habit de neige en plein Vieux-Port de Montréal. Une folle idée, mais une folle idée qui fonctionne à merveille. Avec les années, l’événement hivernal a pris du galon et grâce au bouche à oreille, Michel Quintal, directeur de la programmation, cofondateur et directeur des commandites, peut se féliciter de composer avec peu de refus lorsqu’il met en place sa programmation.
«En général, les DJ jouent la moitié de leurs spectacles dans des bars ou clubs et l’autre moitié dans des festivals un peu formattés et là, à Igloofest, ils se retrouvent devant des gens qui font du bodysurfing en one-piece. Pour eux, c’est un bonbon dans leur année parce que c’est très différent et ils se rendent compte rapidement que ce n’est pas la même vibe.»
Nouveauté importante cette année à Igloofest: la scène secondaire, anciennement à l’intérieur d’un dôme, devient une grande scène extérieure immersive. «Ça va te donner l’impression d’être dans un club à ciel ouvert, précise Quintal. Ce sont une quarantaine de conteneurs empilés qui forment la structure. Tu rentres dans cet univers-là et c’est de la production à 180 degrés avec beaucoup d’éclairages. Dans le dôme, on pouvait rentrer 200 personnes. Là, ce sera autour de 800 personnes.»
Interactions dans l’interactivité
Igloofest doit d’ailleurs une bonne partie de son succès à toute l’interactivité qu’offre son site au Quai Jacques-Cartier. La nouvelle scène Vidéotron sera bonifiée de projections vidéos de VJ d’ailleurs. Au-delà des bons DJ qui s’assurent de faire sautiller la foule, il y a une grande effervescence autour de l’événement. «Pour nous, y’avait une belle opportunité d’interaction et de rassembler les gens. Tout le monde est dans le même bateau – les gens se déguisent un peu, y’a le concours de one-piece, etc – et y’a quelque chose de très rassembleur. Aussi, le fait d’être en habit de neige, ça enlève beaucoup de différentiation par le style des gens. Tout le monde a un gros manteau et t’es pas à ton meilleur, mettons. Y’a quelque chose de très bon enfant là-dedans. Les gens se parlent beaucoup, des gens qui ne se connaissent pas. Les interactions entre les gens sont faciles, vraies.»
Il faut dire aussi qu’Igloofest réussit, en quelque sorte, à rendre la musique électro universelle. Qu’on tripe électro ou pas dans la vie, on tripe à Igloofest dans une grosse foule unie. L’événement permet d’ouvrir la porte à l’électro pour certains mélomanes qui n’écoutent pas ce genre de musique en général. «À la base, quand on a parti le Piknic Électronik et l’Igloo, c’était ça l’objectif qu’on avait tous. Moi, je viens de l’univers indie, grunge à l’époque. J’ai découvert l’électonique sur le tard. C’est de plus en plus présent et tu sens que ç’a a pris une grande place dans la culture populaire.»
2 sur 12
Depuis 2007, Igloofest a réussi de très bons coups (on pense au passage de Diplo en 2012, soirée qui affichait complet), mais afin de construire une programmation audacieuse, Michel Quintal préfère ne pas y aller avec des «gros trucs faciles» comme Swedish House Mafia ou Calvin Harris. «À la base, y’a une envie d’aller explorer différents styles, d’aller dans toutes les déclinaisons de musique électonique au sens large: hip hop, grind, jusqu’au techno pur Berlin-style. On essaie d’en avoir un peu pour tous les goûts parce qu’à part les fans finis qui vont venir 9 fois sur 12, les gens viennent en général 2 fois. Si on faisait 12 soirées de house, de un: moi, ça ne plairait pas; de deux: je ne suis pas certain que ça nous amènerait plus de monde. Là, on ouvre pour toutes sortes de monde.»
Au fil de la conversation, Michel Quintal mentionnera deux coups de coeur de la programmation 2014: Just Blaze (6 février 21h), «un génie», très connu dans le monde du hip hop et qui a fait des beats pour Jay Z, ainsi que le jeune Britannique Skream (18 janvier 22h30), «un incontournable», et le premier artiste à avoir été approché pour Igloofest 2014.
«Il doit y avoir un élément festif à travers les sets pour que le côté très enfantin d’Igloofest fonctionne. Des gens me disent que c’est comme s’ils se retrouvaient à 8 ans avec leur habit de Ski-Doo pour aller jouer dans la neige», lance Michel au passage. «C’est contagieux et il faut que la musique soit dans ce sens-là aussi. Ça se peut qu’on se trompe et que le contexte ne soit pas le bon. C’est pas parce qu’un artiste est excellent généralement qu’il le sera également dans le contexte de l’Igloo. À l’opposé, je pense à Sébastien Léger il y a deux ans. Les gens m’en parlent encore de cette performance-là. Le show qu’il a donné devant 10 000 personnes était grandiose et tout le contexte autour – température parfaite, petite neige – en plus de son set génial, ça a donné un grand moment.»
On lui en souhaite 12 soirées comme ça cette année.
Igloofest
Les jeudis, vendredi et samedis du 16 janvier au 8 février
Au Quai Jacques-Cartier