Li'l Andy : C'est parfait l'imparfait
Musique

Li’l Andy : C’est parfait l’imparfait

Sur son quatrième album, While The Engines Burn, le chanteur country montréalais Li’l Andy se lance dans un son plus lourd en plus de nous donner une leçon d’histoire.

À l’écoute de While The Engines Burn, quatrième album de Li’l Andy, on entend la nostalgie. Le countryman montréalais y raconte la vie des gens de la fin du 19e siècle au début du 20e alors que le train, ce monstre mécanique, traversait les villes en grondant.

Li’l Andy aurait-il l’ambition de devenir historien? «Je suis plutôt obssédé par le passé et je lis constamment des choses liées à l’histoire, comme la rébellion des Patriotes en 1837, mentionne le chanteur. C’est dû au fait que je crois que le monde a énormément changé depuis 70 ans. Je regarde en arrière et je constate que la vie était beaucoup plus difficile pour les gens en Amérique du Nord à l’époque. Quand j’écris des chansons, je me mets dans leurs souliers et j’imagine comment ils voyaient les choses.»

Suite à All Who Thirst Come to the Waters, célébré troisième album enregistré à l’intérieur de l’église Saint-Jean-Baptiste, le chanteur originaire de Wakefield s’est entouré des musiciens et amis de longue date: Joe Grass (guitariste pour Marie-Pierre Arthur, entre autres) et Warren C. Spicer (Plants & Animals) pour la réalisation de cette nouvelle galette.

«C’était surtout, simplement, de jouer tous ensemble dans la plus grande pièce du studio. Je trouve ça très étrange la façon dont certains artistes enregistrent leurs albums. Un gars dans une pièce, un autre gars dans l’autre pièce; ça ne fait pas de sens pour moi parce que si tu fais quelque chose qui s’apparente au rock ‘n roll, eh bien le rock ‘n roll c’est perdre le contrôle et ne pas être capable de tout régler».

Neil Young, l’influenceur

Avec ses deux acolytes, le cowboy a voulu se renouveler avec un son plus rock, plus lourd, à la manière de Harvest de Neil Young, un artiste qui inspire Li’l Andy depuis son enfance et un disciple de l’enregistrement imparfait, justement.

«Il a dit un jour que d’enregistrer des pièces, c’est comme prendre une photo instantanée d’un moment précis. À l’opposé, de nombreux compositeurs des années 1970 désiraient enregistrer de manière à peindre un paysage: lentement, couche par-dessus couche. Il me semble que Neil Young enregistre de façon primitive et crue. J’essaie toujours d’enregistrer d’une façon qu’il approuverait.»

Et Li’l Andy y va d’une anecdote sur le grand Neil: «Mes amis les Sadies ont enregistré avec lui l’an passé. Ils m’ont dit que c’était fou parce que l’ingénieur de son l’avait installé dans un autre booth et la première chose qu’il a dit, c’est: “Je ne serai pas dans une pièce différente du band” alors ils ont dû changer tout le set-up

«Tout ça est très inspirant. Je crois que c’est la bonne façon de faire afin de créer un album dynamique avec lequel les gens voudront évoluer, poursuit Li’l Andy. Parfois, cela veut dire que tes chansons ne seront pas aussi fortes ou cut through quand tu les entends à la radio. J’étais dans un restaurant récemment, justement, et l’une des chansons de mon album précédent jouait sur le iPod d’un employé. C’est une pièce avec beaucoup d’écho, enregistrée dans une église et la chanson qui a suivi était Dido ou Adele! Je les aime bien, tu sais, mais je me suis dit: "Oh wow, il faut vraiment être attentif à l’écoute de mon matériel. Ça ne te frappera pas en plein visage!". Mais c’est OK parce que je ne veux pas frapper les gens en plein visage avec ma musique et je ne veux pas avoir le même son que 90% de ce que font les artistes de nos jours.»

La renaissance du folk-country

Le country n’attire d’emblée pas tout le monde, c’est certain, mais on peut dire qu’au Québec, du moins, il y a un regain inspirant du côté de la musique «roots». On pense au folk country Katie Moore du côté anglophone et au folk sale de Bernard Adamus et Canailles chez les francos.

«Les derniers 10 ans ont été très très bon pour la musique roots et pour sa contribution à la scène montréalaise. Les gens semblent moins peureux de dire qu’ils aiment la musique roots ou le country. Par contre, quand j’avais 16-17 ans, quand je disaient aux gens "je suis musicien country", ils disaient "oh, vraiment?!" ou "oh, j’aime tous les styles musicaux à l’exception du country…". De nos jours, les gens se sont faits à l’idée.»

Et que pense Li’l Andy du folk sale? «Le matériel de Bernard Adamus est génial! Du point de vue d’un anglophone comme moi, c’est super de l’entendre passer du slang québécois à l’anglais et tout le wordplay que cela implique. Je trouve le folk sale et le country au Québec beaucoup plus intéressant que le même genre de musique fait par des artistes du Canada anglais. Je ne pense pas qu’il ait un seul artiste dans le Canada anglais qui ait un son aussi cru que Bernard Adamus.»

»» Écoutez While the Engines Burn sur voir.ca jusqu’au 28 février.

Lancement montréalais de l’album le 30 janvier à 21h à la Sala Rossa avec Brad Barr.

lilandy.net