Grenadine : Contre attentes et tendances
Près de quatre années après le dévoilement d’un premier maxi, Julie Brunet enchaîne finalement avec le premier album de son projet Grenadine.
Musicienne qu’on a notamment aperçue sur scène, violon au bras, aux côtés de Cœur de pirate et Monogrenade, Julie Brunet cultive – depuis quelques années – Grenadine, un projet qui se distinguait en 2010 avec un premier maxi qui aura emballé les mélomanes ainsi que plusieurs radios du Québec.
Alors que nombreux de ses congénères auraient profité de cette effervescence pour s’empresser d’y aller d’un album (potentiellement enregistré en quelques clics avec une poignée de logiciels), Brunet a préféré procéder à tatillon et s’adjoindre des services de Jérôme Minière à titre de réalisateur. «Justement. Ce n’est pas vrai qu’un album se fait en deux, trois clics!», lance-t-elle, amusée, pour expliquer le laps de temps entre les deux parutions. «C’est sûr que j’aurais pu faire un album à 2000$ six mois après le EP, mais sûrement qu’on n’en aurait plus parlé ensuite!», poursuit-elle, pince-sans-rire.
De l’importance de dire «fuck off»
Le temps aura également permis à l’artiste et ses partenaires (Minière ainsi que le guitariste Marc-Étienne Mongrain, qui l’accompagne aussi sur scène) de développer un nouveau son pour Grenadine, loin du descriptif pop bonbon qui lui colle à la peau depuis ses débuts… bien malgré elle. «C’est juste que ce n’est pas ça», fait-elle valoir en revenant sur cette étiquette. «Même que ce n’était pas ça dès le départ.» Selon Brunet, certains éléments de Grenadine – comme la propension aux mélodies ponctuées de clappements de main, par exemple – auraient été magnifiés par certains médias, tellement que ce reflet a finalement capté l’attention de la chanteuse. «On dirait qu’à force d’en entendre parler, je me le suis approprié. « D’accord, c’est ça, mon image. » Je me suis mise à l’intégrer, même si ce n’était pas ce que je voulais au départ.» Plus tard, Julie ajoute que «depuis le temps, je me suis dit fuck off. Je me suis dit: non, je ne me présenterai plus ainsi. Ce n’est pas moi.»
Bricole-moi des chansons
À propos de la direction prise sur ce premier album homonyme, Julie Brunet parle presque d’une œuvre faisant table rase. «Peut-être que si on avait fait l’album deux ans plus tôt, on aurait pensé à répondre davantage aux attentes, mais là, avec ce premier album, on ne voulait pas manquer notre coup et on voulait quelque chose de solide. Nous sommes presque partis à zéro», explique-t-elle. Fait à noter: deux extraits de son premier maxi – L’amant lamentable et Papier carbone – se retrouvent également parmi des compositions plus récentes… et sont complètement tranformées.
Bien que libérés des expectations de l’industrie et du grand public, la multi-instrumentiste et son entourage se sont tout de même imposé quelques balises. «La seule chose qu’on a gardée en tête, la seule contrainte disons, c’est qu’on voulait que ça soit pop, mais avec un côté très artisanal, voire organique – bien qu’on retrouve quelques éléments d’électro.»
Exit, donc, la tentation de l’album en vogue grandiloquent, aux refrains dignes d’hymnes et au verni musical incroyablement lustré. «Ce n’est pas de la grosse pop « commerciale », disons», glisse-t-elle. C’est un album qui a été… bricolé et qui est donc très personnel. Ou voulait également que ça soit une porte d’entrée dans mon univers… d’où la clé sur la pochette!»
Fais-moi pleurer, Jérôme
Lorsqu’on aborde le bonhomme derrière les manettes, Brunet surprend. «Jérôme m’a amené beaucoup de choses… et il m’a chicané!», lance-t-elle, moqueuse.
Pour la petite histoire: Minière aurait contacté l’interprète par Facebook pour mentionner à quel point il appréciait ses œuvres. Une admiration mutuelle, d’ailleurs. Quelques chassés-croisés plus tard, le chanteur et réalisateur (pour Michel Faubert et Ngâbo, auparavant) collabore finalement avec Grenadine. «Il m’a déjà dit – après qu’on ait enregistré des pistes de voix juste pour l’aiguiller – « J’m’excuse de te dire ça, mais tu fausses. Tu dois travailler ça! » J’suis partie à brailler!», se rappelle-t-elle tout en de pouffant de rire. «Il ne le disait pas méchamment, il faisait surtout référence au fait qu’il n’y pourrait rien une fois sur scène.» Julie a ensuite fait ses preuves ainsi que ses classes. «Ça m’a beaucoup aidé. J’ai suivi des cours et j’entends vraiment une différence maintenant.»
Grenadine, l’album, se veut davantage le mariage des univers de Brunet et Minière plutôt que ce dernier appliquant sa touche distinctive à la première. En résulte une œuvre qui, selon la chanteuse, fait fi des tendances et demeure fidèle à l’artiste expérimentée qu’elle est devenue au fil des années et des galères. «Aujourd’hui, je ne m’en fais plus avec les attentes. À ce point-ci, je crois qu’on aimera l’album ou pas, mais on ne pourra pas dire « Oh! je crois que ce n’est pas encore prêt », comme je l’ai déjà lu il y a des années», conclut-elle fièrement.
Album en magasin dès le 29 janvier sur R-Musik et en écoute actuellement sur voir.ca.
Lancement le 29 janvier au Savoy du Métropolis.
Aussi en concert le 23 avril au Divan orange à Montréal et le 16 avril en première partie des Hay Babies au Théâtre Petit Champlain.
À visionner : ce qui inspire Grenadine
De passage dans nos bureaux, Julie Brunet a bien voulu nous révéler quelques objets qui l’inspirent au quotidien. Intéressant… et rigolo!
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