Thee Silver Mt. Zion Memorial Orchestra : La vile Montréal
Musique

Thee Silver Mt. Zion Memorial Orchestra : La vile Montréal

Thee Silver Mt. Zion Memorial Orchestra dit Fuck Off Get Free We Pour Light On Everything.

«La musique, ce n’est pas seulement ce que l’on fait sur scène, c’est quelque chose à laquelle tu donnes ta vie… c’est comment tu vis, ce que tu fais. Et nous on va continuer sans aucun doute.» Ces paroles, en français et en anglais, amorcent l’ultime pièce du nouvel effort de Thee Silver Mt. Zion Memorial Orchestra. Un énoncé qui définit bien la philosophie du groupe montréalais pour qui intégrité rime avec nécessité.

Fuck Off Get Free We Pour Light On Everything, septième galette du quintette, est une œuvre sans concession, martiale, une charge sonique poignante aux longues tirades inflammatoires, des coups de gueule et coups sur la gueule entrecoupés de flashs de lumière, de véritables bouffées d’air frais dans l’univers claustrophobe peint par TSMZMO. «Quand on est arrivés avec la première chanson du disque, Fuck Off Get Free (For the Island of Montreal), nous avons réalisé que nous tenions le titre de l’album. Nous avons senti que c’était une sorte de slogan. Les autres chansons sont venues vite ensuite, car nous savions où nous voulions aller. Nous savions que ce serait en partie un disque centré sur Montréal», détaille Efrim Menuck, aussi de Godspeed You! Black Emperor avec deux autres membres de la formation, le bassiste/contrebassiste Thierry Amar et la violoniste Sophie Trudeau. «Tu sais, ici, à Montréal, quand on compare avec le reste du Canada et même du Québec, on s’ouvre la gueule la plupart du temps. C’est une ville que beaucoup dédaignent. La relation qu’entretient le Québec avec le reste du Canada est étrange et la relation qu’a Montréal avec le reste du Québec est étrange aussi. Les gens pensent que nous ne travaillons pas, que nous ne faisons que nous plaindre. Y’a encore pas mal de gens au Canada qui détestent le Québec, et en général, quand ces gens pensent au Québec, ils pensent d’abord à Montréal. En plus, comme ville, on se fait chier dessus par deux gouvernements. C’est un peu ce que veut dire le titre: Fuck off! Ce n’est pas qu’un endroit sombre, c’est aussi un endroit lumineux.»

Ouate de phoque

FOGFWPLOE n’est pas uniquement axé autour de Montréal. Le titre du disque réfère aussi à l’opinion qu’ont certains du Mount Zion band. «On nous taxe de déprimants, de négatifs, qu’on n’a pas le sens de l’humour… Donc c’est aussi une déclaration du groupe ce titre, « Fuck off, on n’est pas comme vous le pensez »», affirme le chanteur et guitariste qui précise toutefois que le groupe n’était pas parti avec l’idée préconçue de faire un album plus agressif. FOGFWPLOE est un album ravageur et menaçant, mais aussi salvateur et apaisant. «C’est un disque qui est plus bruyant et distortionné, ça c’est sûr. Je dirais que beaucoup de l’agressivité qu’on y retrouve est aussi dû à l’époque à laquelle nous vivons. C’est un concentré de rage. C’est une rage qui était jusqu’à présent contenue, mais quand rien ne bouge, quand les choses ne s’arrangent pas, cette rage évolue lentement, elle se raffine. FOGFWPLOE c’est aussi un album qui parle d’amour», tient à souligner celui qui est réalisateur à ses heures et aussi copropriétaire du studio Hotel 2 Tango. «C’est comme dans une bonne discussion avec des amis où le sujet peut facilement passer de la colère à la frustration puis à l’amour et à l’espoir. C’est ce genre de conversation qu’on essaie d’avoir sur ce disque.»

Album en magasin dès le 21 janvier sur étiquette Constellation. Concert de lancement le 6 février au Rialto.