Amanita Bloom : La nouvelle chevauchée d'Amanita Bloom
Musique

Amanita Bloom : La nouvelle chevauchée d’Amanita Bloom

Le collectif rock sombre montréalais revient à la charge avec Neither The Sea Nor The Land, un second album plus aventureux.

Si la musique d’Amanita Bloom peut être rudement opaque et cérébrale, les musiciens au sein du groupe, eux, s’avèrent incroyablement loquaces, surtout lorsqu’attablés autour de pintes au Bar A. Quatre ans après le dévoilement de Furniture Music, un premier LP célébré par la critique et très apprécié des mélomanes carburant au spleen des Sadies et autres Calexico, l’ensemble s’est fait de plus en plus rare sur scène pour finalement refaire surface récemment pour annoncer la parution imminente de Neither The Sea Nor The Land, un nouvel ajout inespéré à leur discographie.

Au fil des années, certains membres ont quitté le navire, d’autres sont devenus pères et l’un d’eux a aussi joué de son instrument sur un bateau de croisière. «Tout ça mis à la suite – et le fait qu’on ne gagne pas notre vie avec ça et que c’est un projet très DIY – a fait en sorte que ça nous a pris pas mal de temps», résume le chanteur Étienne Morin avant de préciser que «Mais, pendant tout ce temps-là, on n’a pas arrêté de faire de la musique.» Bien au contraire.

Difficiles à suivre

«J’écris tout le temps en fait», poursuit-il entre deux lampées. «Lorsque j’ai quelques pièces, j’amène ça au groupe, mais elles sont de mois en moins « finies » afin de les travailler davantage avec eux. En tout cas, j’avais sûrement la moitié des chansons en 2012. On en a enregistré six ou sept qu’on a finalement « scrappées », le studio où on enregistrait ayant fermé. Je sais, je m’écoute le raconter, et ça à l’air terrible, mais ce n’était pas si pire que ça!»

Le batteur Phil Skeene intervient : «Il faut dire qu’on monte aussi des tounes qu’on va ensuite jouer en show pour se rendre finalement compte qu’on n’a pas nécessairement envie qu’elles se retrouvent sur le prochain album. Il y a un roulement, quoi.» Le pianiste Pierre-Luc Gagnon en rajoute : «Et plus on joue, plus ça se définit. C’est très le fun, créativement parlant.»

Le percussionniste revient à la charge : «Mais ça fait aussi en sorte qu’on organise notre horaire pour qu’on se retrouve tous ensemble au studio pour commencer l’enregistrement et, quand on le poursuit quelques semaines plus tard, les tounes ont déjà changé!» L’interprète et parolier amène ensuite un bémol : «Ces tounes-là qu’on « scrappe », ce n’est pas parce qu’on ne les aime pas. C’est parce qu’on se demande si c’est une direction appropriée pour un album qu’on veut homogène. Même qu’au spectacle de lancement, on va sûrement jouer une nouvelle toune qu’on vient de terminer et qui n’est pas sur l’album.»

Puis le bassiste Dominic Leclerc se manifeste finalement :  «Hey! Une chance que je vous connais, parce que même moi je commence à avoir de la misère à vous suivre!»

La troisième option

Bien que Morin pointe Gagnon du doigt lorsqu’on mentionne la palette sonore plus éclatée, voire psychédélique, de Neither The Sea Nor The Land, le gaillard indique toutefois que le cheminement s’est fait naturellement. «On ne s’est pas dit “faisons de quoi de différent” ou “suivons un tel filon”, précise Étienne. “Ce que je voulais, à la base, c’était faire ce que j’aime. J’veux dire, faire ce que je n’entendais pas ailleurs. Mais c’est sûr que ça conserve toujours un lien avec le premier album. C’est toujours le même gars qui compose les tounes après tout et il y a aussi un fil conducteur avec la facture visuelle des pochettes, mais il n’y a pas eu d’effort conscient de « faire différent » ou quoi que ce soit. En tout cas, j’veux pas en faire une longue parenthèse, mais… c’était quoi déjà la question?»

Voir : «C’était quoi le « plan de match » pour cet album? Approfondir le sillon du précédent? Absolument faire différent pour se renouveler? Juste enregistrer les nouvelles tounes qui vous habitaient?»

Étienne Morin : «Ah! La troisième option alors!»

Remonter en selle

Si Amanita Bloom n’a pas d’ambition précise pour ce nouveau cru, l’orchestre semble affamé lorsqu’on l’interroge finalement sur l’aspect scénique. «Le band répète souvent et l’album n’a pas beaucoup d’overdub», lance Morin en abordant la transition de Neither The Sea Nor The Land vers les planches. «Nous ne sommes pas un de ses bands ultras sophistiqués qui, finalement, donnent un show « plate » tellement il est concentré sur ses instruments. On préfère plutôt donner un show qui va sonner-comme-sur-l’album, mais en plus raw… si on veut!»

Ainsi, les compères ont deux autres objectifs pour 2014 : lancer un nouveau maxi cet été et faire de la route. Beaucoup de route. «On a surtout hâte de faire plus de shows», confie Morin. «C’est sûr qu’il y a des visées pour le reste du Canada. Le fait que ça soit en anglais aide beaucoup. Déjà, on a Ottawa de prévu. On se rapproche de Toronto. Ontario, Québec et Canada. C’est certain cette année!»

En concerts et en écoute

Neither The Sea Nor The Land arrivera de façon indépendante dans les bacs le 31 janvier. Version numérique distribuée par Sainte-Cécile. Album actuellement en écoute sur Voir.ca.

Lancement le 31 janvier à la Casa Del Popolo. Aussi en concert le 6 février au Cercle à Québec, le 7 au Café du clocher d’Alma, le 8 au Sous-bois de Chicoutimi et le 14 au Café Alt d’Ottawa. Détails sur amanitabloom.com.