David Giguère : L'après Dom Juan
Musique

David Giguère : L’après Dom Juan

David Giguère y va d’un album initiatique avec Casablanca.

Deux années après Hisser haut, sa première parution, le comédien et chanteur pop rock David Giguère n’a plus la gueule de jeune premier qui l’a fait connaître. Les demoiselles soupireront toujours autant en sa présence, certes, mais ses traits sont maintenant plus durs, ses épaules plus carrées et, à l’écoute de Casablanca, on lui devine un cœur plus fripé.

Lorsqu’on lui demande jusqu’à quel point cette fameuse rupture a été mise en scène pour les besoins de l’œuvre, l’artiste se rebiffe. «Par rapport aux textes? Il y a zéro mise en scène!», tranche-t-il avant de s’expliquer. «C’est ce qui était le plus tough pour cet album-là. Cette histoire d’amour était tellement heavy que je me disais: « Si je mets ça dans une toune, on ne va tout simplement pas y croire! On va croire que c’est une métaphore bidon! Mais j’ai vraiment écrit son nom sur des passages piétons partout en ville! J’ai vraiment acheté un billet d’avion à trois heures du matin pour la rejoindre deux jours plus tard en Espagne pendant trois semaines. C’était complètement « buzzé »!» D’où un souci particulier lors de l’écriture, fait valoir l’auteur-compositeur-interprète.

Pas de médaille pour Giguère

«Tu sais, le premier album, c’était des tounes qui m’étaient arrivées comme ça, qui ont parfois été écrites sur le coin d’une table. Pas parce que c’était moins important, mais parce que c’était fait différemment. Ici, il y a vraiment eu un véritable travail de réécriture», mentionne-t-il pour ensuite glisser que certaines pièces ont été rédigées, chiffonnées puis réécrites à de nombreuses reprises – parfois selon les observations de son ami et partenaire de scène Emmanuel Schwartz, d’ailleurs crédité comme conseiller dramaturgique sur Casablanca – avant d’avoir été endisquées. «Je ne dis pas ça à la « donnez-moi une médaille ». Je dis juste que chaque texte a été retravaillé et réfléchi afin qu’ils me plaisent et que je les assume assez pour avoir envie de les partager sans devoir d’excuses à quiconque!», commente-t-il ensuite avec une pointe de défiance.

De l’importance de «prendre une poffe»

Œuvre écrite d’un souffle, alors que le comédien terminait un tour de piste sur Dom Juan  «Je n’ai pas écrit pendant deux ans et demi et, tout d’un coup, toutes les tounes sont sorties cet été», note David – puis enregistrée d’un autre («J’ai fixé la date du lancement avant l’enregistrement, parce que je ne voulais pas qu’il y ait d’attente entre sa création et sa parution», mentionne-t-il ensuite), Casablanca réunit «l’équipe de rêve» de Giguère, dont Joseph Marchand (de Forêt) à la guitare, Christophe Lamarche Ledoux (de Man Machine, etc.) aux claviers ainsi que Jonathan Dauphinais, secondé par Jean-Phi Goncalves, à la réalisation.

«Je ne suis pas un gars très patient et Jonathan a été une des rares personnes à me dire: « Woahman! Prends une poffe et relaxe. C’est correct de ne pas avoir tout, tout de suite. En attendant, travaille pour! »», se rappelle le chanteur lorsqu’on lui demande ce que Dauphinais, un musicien que le grand public associe surtout à Ariane Moffatt et Beast, a amené en étant à la barre de l’œuvre. «Quand je lui ai demandé si ma date de parution était réaliste, il m’a dit: « Oui. C’est réalisable si personne ne tombe malade. On peut y arriver », et non pas « C’est du suicide » ou « Ça va tout fucker »!»

Comme le dernier mot

Encore une fois, malgré la nature de l’œuvre, David Giguère demeure lucide – «C’était quand même juste une histoire d’amour!», tranche-t-il – et a insisté pour qu’on enjolive Casablanca d’une facture visuelle vibrante (d’où le design graphique très contemporain et éclaté signé Laurence «Baz» Morais) et personnelle. À l’intérieur de la pochette, on retrouve donc un livret coiffé d’une série de textos passionnés qui ne se sont jamais rendus à une destinatrice qui, elle, désirait seulement avoir des nouvelles du chanteur. «C’est souvent comme ça après une relation, muse-t-il. Tu veux toujours avoir le dernier mot, envoyer le dernier courriel, etc. « Elle va comprendre avec ça! », s’exclame-t-il en imitant un amoureux éploré. Cet album-là, c’est un peu ça. Le dernier texto, si tu veux. D’où le « Allo Soleil » à la dernière page. Suivi d’un point.» 

Casablanca sera disponible en magasin dès le 4 mars sur étiquette Audiogram.Concert de lancement le soir même au Club Soda.