Queen KA : Identité éclatée
Musique

Queen KA : Identité éclatée

Queen KA sort un premier album. Oui, un tout premier. Surprenant un peu puisqu’on la voit sur scène depuis plusieurs années. Mais il faut dire qu’autant le slam dégage habituellement une urgence palpable, il n’y a pas le feu quant à la production d’albums chez les slameurs. Après tout, le slam se voit et se vit sur scène en premier lieu.

«Le côté statique d’une performance sur album m’angoissait énormément, raconte Queen KA en entrevue. Le fait que, quand tu enregistres une pièce, ce soit cette track-là alors que sur scène, ça change tout le temps dépendamment de l’audience. J’avais besoin d’avoir de l’expérience, de le faire souvent sur scène pour pouvoir savoir comment mettre ça sur album et avec les musiciens, de trouver la bonne manière de faire pour que ça s’écoute.»

Pour ses Éclats, Queen KA a surtout choisi de mettre sur disque des pièces de son registre qu’elle livre sur scène depuis un bon moment. Trois des cinq pièces sont tirées du spectacle Ceci n’est pas du slam, que Queen KA produit depuis 2011 avec ses musiciens Blaise Borboën-Léonard et Stéphane Leclerc. Ce sont d’ailleurs ces mêmes fidèles acolytes qui ont créé les musiques autour de la poésie de la slameuse sur Les éclats.

Moi, ici

On détecte un thème qui semble insuffler l’oeuvre de Queen KA – l’identité – sur Héros, pièce touchante, marquante de ce premier mini-album. La slameuse y raconte l’histoire d’une personne victime d’abus physique qui ne tombera pas dans ce cercle vicieux de violence, mais deviendra bon et juste; sa propre personne.

«Je crois beaucoup au bagage génétique générationel, ancestral, explique-t-elle. Je suis d’une deuxième génération, je suis née ici, mais mes parents sont tunisiens d’origine. Je suis née à l’époque où l’on n’était vraiment pas beaucoup de Tunisiens à Montréal. Le côté communautarisme, ghettoisme n’était pas présent. Donc je suis vraiment Québécoise, mais je suis vraiment Tunisienne aussi. Pour moi, ce sont mes questionnements qui sont importants. Ne pas être victime de son passé ou être prisonnier de son passé, et comme dans Héros, de changer, de briser les choses, de ne pas perpétuer un cercle.»

Elle est bien placée pour parler de changer le cours des choses puisqu’en début de carrière Queen KA a dû se créer sa propre identité artistique. À l’époque, le slam n’avait pas vraiment encore de nom.

«Ma première performance, c’était en première partie du groupe de ma soeur, Mimosa. J’appelais ça «Délirium poético-musical». Tsé! Parce que j’avais pas le mot. Les gens me demandaient ce que je faisais: – Ben je lis des textes – Ok, tu chantes? – Non, je parle… Ça faisait artsy Concordia, vraiment! Maintenant, j’ai juste à dire le mot slam et habituellement, les gens peuvent mettre en contexte. C’est devenu un genre et là, ça fait des sous-genres. C’est plus facile faire ce qu’on fait et de faire des choses un peu plus edgy. Comme ça les gens sont pas surpris d’entendre les gens parler en faisant des rimes sans rapper, sans chanter. C’est déjà pas mal!»

Tome 2

Queen KA poursuivra son aventure sur disque avec une suite à Les éclats, un 2e EP en cours d’enregistrement.

«Les tomes ont deux concepts différents. Pour le premier, j’ai amené mes textes à Blaise et à Stéphane et ils ont créé la musique autour. Pour le tome 2, j’ai demandé à des artistes de me composer des pièces musicales sur lesquelles j’écris ensuite des mots. C’est moi qui m’adapte!» À suivre.

Les états

(La Meute)

Disponible le 10 mars (*Et en écoute sur voir.ca jusqu’à cette date)

queenka.ca