Miracles : Plaisir égale danger
Fred Jacques et Hugo Mudie osent avec Motels, la nouvelle galère de leur groupe folk Miracles.
«Nouvelle galère», car après des années à tomber en panne dans des bleds glauques partout à travers le monde au sein du groupe punk culte The Sainte Catherines, les compères poursuivent leur chemin de croix folk – élaboré au sein du violon d’Ingres Yesterday’s Ring, puis poursuivi au sein de Miracles, en dévoilant Motels, une œuvre à la fois simple et diablement complexe.
Simple, car, comme son nom l’indique, Hugo Mudie et Fred Jaques ont enregistré les pièces live dans des chambres de motels du Québec. Une entreprise pas du tout économe selon le duo. «Ça ne coûte pas plus cher que faire un « gros » album en studio, mais disons que ça coûte plus cher que d’en faire un « petit »», note Mudie. Et Jacques d’ajouter: «À titre de référence, l’album précédent de Miracles a coûté pas mal moins cher!» Et complexe, car non content de délaisser le studio – «T’sais, ça fait 15 albums qu’on fait, ce n’est plus très… wow!», glisse Hugo au passage –, Miracles s’est inspiré d’un autre album à l’enregistrement nomade, le fameux No Better Than This de John Mellencamp, et, en bons amateurs de golf, se sont imposés de nombreux «handicaps»: l’enregistrer à l’aide d’invités, en plus d’y combiner pièces originales, reprises et adaptations en français de classiques en anglais (le classique Dirty Old Town des Pogues, par exemple, devient Vieille ville sale).
De l’importance de ne pas trop réfléchir
Deux concepts reviendront souvent au fil de l’entretien: le besoin certain de se mettre en danger ainsi qu’une volonté de ne pas trop intellectualiser le processus créatif. Ainsi, lorsqu’on leur demande si la sélection des invités (dont Dumas et Simon Proulx des Trois Accords) s’inscrit dans un désir de s’émanciper de leurs racines punk, les bonhommes s’esclaffent. «Nous sommes très à l’aise d’en sortir, en fait», tranche Hugo avant d’avouer «qu’il n’y a pas une énorme réflexion derrière». Fred spécifie ensuite que Miracles a choisi ses invités par intérêt – «On trouvait que le propos de Carré rouge irait bien avec Karl Tremblay», en spécifiant que le Cowboy fringant était aussi un digne représentant de Lanaudière lors de cette séance captée dans une chambre d’un motel de Lanoraie. «Le but demeurait d’enregistrer avec du monde avec qui on voulait jouer, et non pas de sortir de notre zone habituelle.»
N’est pas Sylvain Cossette qui veut
Lorsqu’on leur demande si Miracles espère se retrouver dans la discographie des fans de Sylvain Cossette et compagnie avec ce disque composé d’œuvres originales, de reprises… et de duos, les gars ne bronchent pas. «Je vois ce que tu veux dire, mais ça demeure un album live enregistré dans des chambres de motel», lance Jacques. «Si on compare ça aux albums de reprises de Sylvain Cossette ou encore à Marjo et ses hommes, par exemple, ceux-ci demeurent des productions studio à gros budget.» Hugo saisit la balle au bond: «T’sais, on a des pistes de batterie qui ont été enregistrées en frappant sur une porte!» Plus tard, le chanteur reviendra sur la «mise en danger» de leurs «cochambreurs». «C’était, en fait, une situation contraire pour les invités. Ceux-ci sont souvent habitués à des set up plus professionnels. Là, ils enregistraient dans un set up plus… broche à foin!» Puis Fred de conclure: «Et je n’ai senti aucun malaise. Tout le monde a été très bon, même!»
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Miracles
Motels
(Music Manson)
Disponible dès le 1er avril
En écoute sur voir.ca dès le 25 mars