Angèle Dubeau : Retour en force
La virtuose du violon revenait l’automne dernier d’une absence bien involontaire dans nos calendriers de concerts. La pause a été salutaire et la revoici plus en forme que jamais.
C’est en février 2013 que l’on apprenait par voie de communiqué que la violoniste Angèle Dubeau était atteinte d’un cancer du sein et devait reporter ses concerts. "C’était la première fois… Je n’ai jamais annulé un concert en 37 ans de carrière. Même le jour où mon père est décédé, j’ai joué! C’est pourquoi, plutôt que de les annuler, nous les avons reportés. Ça m’a fait un automne de fou, avec, par exemple, une semaine de 7 concerts en 7 jours. J’avais décidé de revenir pour la 15e édition de la Fête de la musique à Tremblant en septembre, un festival qui est notre bébé à Mario Labbé, (son conjoint) et à moi."
Cette période de convalescence a été pour Angèle Dubeau l’occasion de prendre le temps… d’écouter de la musique! "Ça peut paraître bizarre, mais c’était la première fois que j’en avais tant besoin. J’étais tiraillée par les émotions, bien sûr, mais je n’arrivais pas à pleurer, et il y a certaines musiques qui peuvent être d’un grand secours pour ça! Et quand vient le temps de se changer les idées, rien de mieux qu’une bonne pièce pour s’évader. D’autant plus que pour la première fois depuis très très longtemps, à cause des opérations, je ne pouvais pas jouer de violon! Mais j’ai profité du temps… Mes trois prochains disques sont planifiés!"
Angèle Dubeau explique avoir écouté beaucoup de musique minimaliste durant sa convalescence, et si l’on se fie aux premiers opus de sa série de portraits (le premier était un portrait de Philip Glass, puis il y a eu Arvo Pärt et John Adams), on comprend que c’est en effet une musique qui lui parle particulièrement, comme le montre encore ce progamme Autour de Philip Glass. "Dans les années 1990, j’ai travaillé avec lui pour interpréter son Concerto pour violon. C’est un compositeur que je respecte et que j’aime beaucoup. Nous jouerons son Quatuor à cordes no 3 Mishima et l’ouverture de La Belle et la Bête, que nous avons enregistrés, la Suite from Bent, et un mouvement de sa Symphonie no 3."
Le programme de son disque Blanc fera l’objet de concerts à l’automne, mais le public de Québec aura durant ce concert la première de plusieurs extraits du disque, de même que des œuvres de Vladimir Martynov et des extraits de la musique qu’a écrite Jonny Greenwood (Radiohead) pour le film There Will Be Blood. "Il y aura aussi le Mozart-Adagio d’Arvo Pärt, l’une des œuvres les plus déchirantes que je connaisse". Tout un programme! "Les gens qui se demandent ce que c’est que le minimalisme, d’où ça vient et où ça en est aujourd’hui, devraient en avoir une bonne idée après ce concert" ajoute la violoniste, qui donnera encore une dizaine de concerts avant de partir pour une tournée en Amérique du Sud en juin. Pas de doute, cette musique-là l’a vraiment remise sur pied; on devrait tous en reprendre un petit peu!
Angèle Dubeau & La Pietà
Autour de Philip Glass: 9 avril, 20h, salle Raoul-Jobin du Palais Montcalm