Mac DeMarco : Mac Salade
Mac DeMarco passe le test du deuxième album avec flegme et juste un peu de stress.
Pour être exact, Salad Days n’est pas tout à fait le deuxième album de Mac DeMarco. Avant de voguer sous son propre nom, le musicien canadien aujourd’hui installé à Brooklyn avait déjà une discographie assez fournie malgré son jeune âge. Quoi qu’il en soit, pour les médias, DeMarco préfère dire que Salad Days est son deuxième. Vu le succès obtenu par 2, son premier disque qui n’était pas son premier ni son deuxième malgré le titre (DeMarco a un humour particulier), la pression s’est-elle fait sentir? «Oui, pas mal. Car il faut dire que ça faisait longtemps que mon précédent disque était sorti. Les gens me disaient: “Come on man, qu’est-ce que t’attends!”, admet DeMarco, rejoint à son appartement de Bed-Sty. «2 a été assez populaire, et ça m’a un peu étonné, donc pour celui-ci je me suis souvent dit: “j’espère ne pas merder, j’espère ne pas merder!” Ça m’a un peu rendu fou, mais je suis assez fier de ce que je suis arrivé à faire. Maintenant que j’ai franchi le cap du fameux deuxième album je peux relaxer et me concentrer sur les suivants sans stresser.»
Salad Days est un disque au groove cool, encore plus relaxe que le précédent, sorte de trame sonore pour vacances psychédéliques avec ça et là un son de guitare et de basse sautillant rappelant certaines musiques du sud de l’Afrique. Un disque qui est tout sauf urgent… mais enregistré dans l’urgence. «J’ai composé, joué, arrangé et enregistré ce disque en 25 jours dans mon appartement de New York, qui est en fait une chambre. J’avais une petite idée de ce que je voulais comme disque mais ça s’est fait tout seul dès que j’ai commencé à composer les chansons et à les jouer», spécifie Mac DeMarco, à peine remis d’une série de trois concerts en Amérique du Sud. «Je n’aime pas trop enregistrer des chansons que je traîne depuis un moment. Un album ressemble à un album lorsque tout a été créé et amené à la vie au même moment. Ça permet de mieux le situer dans le temps. Donc j’essaye de tout faire d’un coup. J’aime la spontanéité. Ça me fatigue de devoir jouer et rejouer les trucs en studio, puis de passer des heures à tout mixer et recommencer… Je préfère les premières prises. C’est souvent là qu’est toute l’émotion. Si j’essaye de refaire la chanson encore et encore, je perds ce feeling. Donc j’ai fait de mon mieux pour boucler tout ça le plus rapidement possible».
Jizzjazz man
Mac DeMarco est un musicien fantasque, qui ne se prend pas trop au sérieux avec son look Armée du Salut, ses douteuses casquettes et bien sûr ses frasques sur scène où il n’est pas rare de le voir faire le bouffon en tenue d’Adam. Si DeMarco a tendance à s’exhiber en concert, il est d’un naturel plutôt calme et réservé en entrevue et rechigne à parler de ses textes. «Je n’aime pas tellement parler de mes chansons. Je laisse le soin aux auditeurs de se faire une idée. Mes textes sont assez personnels mais il y en a quelques-uns où je parle de sentiments et qui peuvent être plus aisés à décrypter que d’autres… Reste que les gens ne sont pas obligés de savoir ce que je vis», explique le chanteur et guitariste qui semble très à l’aise avec ses paradoxes. Le DeMarco sur scène, il l’assume pleinement. «Je pense que les kids de 16-18 ans connectent bien avec mon personnage. Toutes les conneries bizarres qu’on peut faire sur scène, ça leur fait de l’effet et c’est super. Tant que les gens sont dans l’esprit du concert, c’est parfait», analyse DeMarco en riant. «J’imagine qu’ils doivent aussi un peu aimer la musique! Mais quand on y pense, ça fait drôle de savoir qu’on attire des gens à son concert probablement plus pour nos bêtises que pour notre musique…».
Salad Days
(Captured Tracks)
Disponible le 1er avril, en précommande sur iTunes.