Gilles Vigneault : Les vraies affaires
Il y a Mon pays, l’entrevue de Tout le monde en parle diffusée dimanche dernier, l’imitation éculée des Grandes Gueules. Mais comment est-il vraiment, en personne? Est-ce qu’il est gentil, Gilles Vigneault? Récit d’une rencontre avec une légende vivante.
Dans le lobby de l’Auberge St-Antoine, cet après-midi-là d’avril, il y a deux relationnistes qui courent partout et une bonne douzaine de journalistes qui attendent leur tour sagement assis sur les sofas. Dix minutes, top chrono. C’est tout ce qui sera accordé aux représentants de la presse qui souhaitent s’entretenir avec Gilles Vigneault en tête-à-tête. Le temps est rationné, comme lorsque Audrey Tautou ou Ryan Gosling présentent leurs nouveaux films à des reporters glamour. Pas le temps de niaiser.
Calme, malgré l’agitation ambiante, Vigneault pose pour les caméras puis retourne s’asseoir près du poêle à bois. Il est prêt à nous accueillir, invitant, chaleureux. « J’en ai rencontré, des journalistes. J’ai donné des milliers de spectacles et d’entrevues. Aujourd’hui, à 85 ans, je suis ravi et je m’étonne de les voir si nombreux. »
Plus populaire que n’importe quel Yoan de La Voix, Vigneault exerce la même force d’attraction qu’un jeune premier et il le sait. S’arrange-t-il, consciemment, pour que sa musique ait un son actuel? « Oui, je veux être dans l’ère du temps et c’est pour ça que j’accepte que les gars [NDLR: Jean-François Groulx, Daniel Thouin, Daniel Lavoie] jazzent mes chansons. J’ai ce souci d’être audacieux tout en restant moi-même sans rien renier de ce que j’ai fait avant. » Questionné sur ses influences musicales, il répondra simplement qu’il n’a « jamais écouté quoi que ce soit avec autant d’intérêt et de passion que la musique classique ».
Vivre debout
Il y reviendra souvent, au cours de notre bref entretien, à ce titre qui coiffe son plus récent disque. Un titre qu’il faut prendre (en partie) au premier niveau, avoue-t-il un sourire dans la voix. Vivre debout dans le sens d’être en santé et autonome malgré son âge vénérable. Malgré le marathon d’entrevues qui doivent l’épuiser. « Mais c’est surtout inspiré d’un film que j’ai vu, un film sur Tolstoï. On lui posait la question « Qu’est-ce que vous avez fait pour votre peuple? » et il répondait « leur montrer à vivre ». Je me suis dit que ça pouvait être un concept intéressant, que moi, je montre aux Québécois comment vivre debout après qu’ils aient vécu assis et à genoux. »
Glissant délibérément vers le terrain politique, Vigneault se lancera ensuite dans une analyse sommaire des résultats des élections provinciales de la semaine passée. « En trois mots: traitement de choc. On ne tue pas le malade avec ça, mais on lui fait un traitement de choc pour le guérir. Le remettre debout. »
//
Vivre debout
(Tandem)
En vente maintenant