Clement Jacques / Indien : Se traîner dans la boue
Clement Jacques rompt avec ses ambitions mainstream, libère le rock qu’il cachait en lui et chasse ses vieux démons sur Indien, nouveau disque presque controversé (mais pas à cause de ses photos de presse en bedaine).
On avait convenu d’un rendez-vous au Cercle mais, finalement, il choisira de migrer vers le Bureau de Poste à quelques dizaines mètres de là, le resto-bar de St-Roch au décor d’après-ski où tous les plats coûtent 4,95$. Fais-tu de la planche à neige, Clement? «Oui, mais jamais assez.»
Résidant à Montréal depuis à peu près cinq ans, cet ex-hôte du Bistro Sous le Fort (ça ne s’invente pas) a fait les beaux jours du Vieux-Québec en traînant sa guit’ sur la rue St-Jean, au Pub St-Alexandre et en bas de l’escalier Casse-Cou. Il avait son permis d’amuseur public, respectait son horaire, mais ça reste une période floue. «L’été, je menais une vie de bohème. Je ramassais du cash pour m’acheter de la Pabst.»
Puis, rupture avec l’insouciance. En 2009, il fait paraître un premier album relativement propret sous l’étiquette Audiogram. Un disque intitulé Consumed & Guilty qui, l’avouera-t-il, aura été écrit en écoutant l’album jaune de Jack Johnson. Il s’est vite tanné du genre mais il a continué dans cette lignée croyant que ça allait lui ouvrir les portes des radios commerciales. En vain.
Est-ce que tu retenais ton côté rock? «Oui, et depuis le début», avoue-t-il dans un mélange de candeur et d’assurance. Le reste de ses confidences sont off the record. Contentons-nous simplement d’écrire que son gérant de l’époque n’avait pas la même vision artistique.
Signé sous la nouvelle étiquette de disque Music Mansion depuis peu, Clement Jacques (sans accent aigu, s’il vous plaît) se sent maintenant pas mal plus libre qu’autrefois. Un peu trop même. Faut dire qu’il est revenu du chalet de son oncle au Saguenay avec un album complet, enregistré avec les moyens du bord en compagnie de son complice Greg Bonnier et sans avoir averti son étiquette de disques. «Au début, ils étaient un peu fâchés que je ne les avais pas informés pour mon concept d’album fucké.»
L’album fucké, c’est Indien. Un disque qui n’a pas fait le bonheur du Comité Luttes Autochtones du Cégep du Vieux Montréal, l’association étudiante ayant lancé un appel au grabuge pour le lancement de Clement – qui a eu lieu (sans heurt) cette semaine au Divan Orange. «C’était un combat mal choisi. Pour moi, c’est une démarche personnelle et artistique. En plus, la mère du père de ma mère était autochtone.»
Une fois, c’t’un gars
Au départ, c’était Florent Vollant qui devait assumer la narration des chansons Ushpik et Indien. «Il m’avait été référé par Elisapie, mais le numéro qu’elle m’avait donné n’était pas le bon.»
À la place, c’est le sud-américain Waldo Ahumada qui s’est vu confié la tâche. Pas un poète, pas un comédien, pas un artiste. Un homme qui fait des jobines dans la construction. «Je l’ai rencontré à la SAQ à Montréal. C’était cinq minutes avant la fermeture et il y avait une grosse file. Je l’ai entendu parler au téléphone et j’ai vu qu’il avait des allures indiennes. Je lui ai proposé et il a embarqué.»
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L’Indien
(Musique Mansion)
En vente dès maintenant
Lancement au Cercle le 24 mai